Ça sent le soufre à la commission électorale nationale indépendante (Ceni) de Guinée. Plusieurs commissaires de l’institution envisagent d’engager la procédure de destitution contre le président Bakary Fofana. Une nouvelle menace qui vient s’ajouter à d’autres non productives. Iront-ils cette fois jusqu’au bout?
La commission électorale nationale de Guinée ressemble désormais à ce puzzle dont les pièces, aussi complexes qu’éparses, ne cessent de se multiplier de jour en jour. C’est une équation dont les inconnues sont autant nombreuses que les soucis qu’elle provoque chez des Guinéens. Alors que depuis toujours, le peuple et les partenaires au développement réclament l’organisation des élections locales, la Ceni s’enfonce davantage dans sa crise et surprend même par la litanie de ses divergences. Quinze commissaires, chauffés à blanc, viennent de signer une motion de défiance en vue de destituer le président Bakary Fofana lors de la réunion plénière qui pourrait avoir lieu le 4 juillet prochain. Il est reproché au Président de la Ceni, son « manque de transparence dans la gestion des fonds alloués à l’institution électorale ». Il ne leur resterait désormais que deux signatures pour pouvoir enclencher la procédure qui pourrait signer l’acte de mort de la gouvernance Fofana. Et ainsi recourir à l’article 17 de la loi portant organisation et fonctionnement de la Ceni qui dispose dans son dernier alinéa que « le Bureau est mis en place pour la durée du mandat de la CENI. Toutefois, à la demande des deux tiers (2/3) des membres de la Ceni, l’Assemblée Plénière peut procéder au remplacement partiel ou total du Bureau. »
Sauf que ce n’est pas la première fois que de telles menaces fusent de la part des commissaires qui psalmodient sans cesse leur dépit et étalent le chapelet de leurs désidératas. Il y a quelques semaines, certains d’entre eux, avaient annoncé pareil scénario, pétition et ultimatum en bandoulière. Beaucoup avaient même prédit une fin proche pour le Président de l’institution électorale. Mais finalement, chacun est revenu à de meilleurs sentiments, d‘autres estimant, dans la foulée, que la parenthèse du désaccord était désormais close. Pourtant, cette trêve était assujettie à la rédaction des TDR pour la mise en place et le fonctionnement d’un comité de trésorerie censé co-gérer les ressources financières de la Ceni avec Bakary Fofana. Mais c’était sans compter avec la détermination de ce dernier à ne pas reconnaître un tel organe dans la mesure où la Commission compte déjà, en son sein, un DAAF, un comptable et un contrôleur. C’est ce pacte qui n’a pas été signé et qui pousse aujourd’hui les commissaires à hausser le ton de la manière la plus énergique et la plus bruyante possible. C’est donc une nouvelle crise qui pointe à l’horizon et qui pourrait masquer l’incapacité de la Ceni et de ses commissaires à organiser les élections mais surtout provoquer une nouvelle impasse qui pourrait détourner les attentions de la tenue de ces scrutins qui ne font que s’allonger dans le temps.
Toute fois, les commissaires contestataires semblent décidés cette fois à en finir avec le Président de la Ceni. Mais une chose reste claire, c’est qu’au regard de leur agissement par le passé, il est difficile de convaincre aujourd’hui les Guinéens que cette équipe pourra faire partir Bakary Fofana habitué aux sautes d’humeur de ses collaborateurs et qui semble avoir la potion magique pour étouffer toute velléité de contestation ou de déstabilisation de son pouvoir. Les mots sont, certes, de plus en plus virulents mais les armes qu’exhibent les frondeurs risquent, pour une fois encore, de se transformer en pétards mouillés. Wait and see.
Camara Ibrahima Sory