La défaite du Syli national de Guinée continue de faire toujours des frustrations, révélations mais aussi des décisions politiques. Ce mardi 10 juillet 2019, le chef du gouvernement, Kassory Fofana a instruit ses responsables financiers de faire un audit sur la gestion des capitaux alloués pour accompagner l’équipe nationale. Une initiative que certains citoyens et analystes saluent alors que d’autres y voient une injustice et une partialité.
Plus de 60 milliards de francs guinéens. C’est le montant qui aurait été alloué pour accompagner l’équipe guinéenne à la 32e édition de la compétition africaine de foot. Malgré plusieurs engagements politiques et socioéconomiques des uns et des autres, le Syli national a terminé au niveau des 1/8de finale de la CAN après sa défaite face à l’Algérie. Un résultat qui a créé des indignations mais aussi de graves révélations sur le comportement de cette équipe et certains encadreurs en Égypte, et plus tard pousse le chef du gouvernement à demander un audit sur la gestion des ressources financières destinées à la CAN. Est- ce une maniere de tromper le peuple ou une décision politique pour maginfier l’engagement de l’Etat dans la lutte contre les détournements et la corruption ? En tout cas, les réactions des citoyens divergent. Pour certains, c’est une très bonne initiative que prend le Premier ministre. Par contre, d’autres estiment que c’est une peine perdue. Selon ces derniers le gouvernement aurait dû contrôler la sortie massive de ces fonds avant leurs usages et d’ailleurs faire un audit sur d’autres secteurs où l’on « pille » de l’argent sans conséquence. « C’est une bonne décision du Premier ministre puisque cet audit serait une volonté manifeste du gouvernement à lutter contre la corruption et promouvoir la transparence. En plus ça permettra d’édifier le peuple sur le comment l’argent a été utilisé et combien ont été dépensés ou dérobés », pense Daouda Camara, juriste.
Par contre, pour les autres cette décision du chef du gouvernement guinéen n’est qu’une manière de rassurer le peuple dans le vide et pensent que la décision est partiale. « D’abord lorsqu’on parle souvent de l’audit dans un pays, ça ne va pas et c’est parce que l’appreil de contrôle des finances publiques est en panne et l’administration en général en déséquilibre. Sinon pour un pays qui a une très bonne organisation et gestion financière, chaque décision financière de sortie ou de rentrée de capitaux est minutieusement programmée. Mais dans un pays en déficit de gestion publique nul ne contrôle les flux financiers publics », explique Oumar Deen Touré, professeur d’Economie politique.
Pour lui, si l’équipe nationale avait bien progressé dans la compétition, on n’aurait peut-être pas parlé de l’audit. En plus, estime-t-il, d’autres secteurs d’activité ont besoin plus d’audit que la CAN. « Si vraiment Kassory Fofana était un chef impartial, il aurait dû commencer par faire un audit sur sa gestion antérieure, quand il était notamment patron des investissements privés et publics. En plus, plusieurs milliards ont été utilisés pour l’assainissement de Conakry, mais en vain. Pourquoi on n’audite pas ces secteurs? » se demande M. Touré avant de conclure : « ce n’est pas parce qu’il demande un audit sur la CAN qui nous pousse à dire qu’il gouverne bien, mais au contraire c’est la mal gouvernance. Puisque une justice économique qui ne touche pas chaque secteur, chaque responsable public est injuste et partielle. »
Gassime Fofana