Ils sont trois opposants qui viennent de sceller leur union au sein d’une coalition dénommée Front pour l’Alternance Démocratique -FAD. Mouctar Diallo, Aboubacar Sylla et Jean Marc Telliano veulent mettre ensemble leur énergie, leur expérience et leur combat au service d’une victoire lors des prochaines élections locales et nationales. Réussiront-ils leur premier test grandeur nature?
L’opposition n’a pas encore fini avec sa danse du tango. Le scénario que certains redoutaient et qui se dessinait depuis un moment n’a pas tardé à éclore. Depuis ce jeudi, l’Union des Forces du Changement (UFC), les Nouvelles Forces Démocratiques (NFD) et le Rassemblement pour le Développement Intégré de la Guinée (RDIG) ont décidé de s’unir – pour le meilleur et peut-être contre le pire- à travers la mise en place du Front pour l’Alternance Démocratique (FAD). Une alliance électorale en vue des prochaines échéances électorales, dit-on. Même si Aboubacar Sylla, Mouctar Diallo et Jean Marc Telliano, présidents respectivement des trois partis qui forment la coalition assurent qu’ils sont toujours de l’opposition dite républicaine, cela ne constituerait qu’une approximation sémantique sinon une gymnastique sémiologique destinée à cacher leur détermination à couper le cordon avec le principal parti d’opposition. Leur acte se pose, en effet, comme une réponse au défi à eux lancé par l’Union des Forces Démocratiques de Guinée qui ne voudrait plus désormais remorquer les partis dont la plupart n’ont pas d’assises politiques solides. Une bouée de sauvetage est sur le point de s’effriter pour plusieurs et qui pousse d’autres à s’accrocher au dernier espoir, maigre et hypothétique, celui de se donner les mains pour éviter un naufrage certain. C’est donc un défi de plus pour ces trois formations politiques, qui vont faire cavalier seul, mais surtout pour Aboubacar Sylla et Mouctar Diallo qui, on ne peut dire mieux, doivent une grande partie de leur ascension à leur ralliement à l’opposition dite républicaine et avec la bénédiction d’un certain Cellou Dalein Diallo.
Ils devront désormais se battre pour faire exister leur coalition mais surtout pour prouver qu’ils peuvent s’imposer devant les candidats du grand parti, de tous les partis. Un combat qui n’est pas gagné d’avance au regard de l’implantation poussée des formations concurrentes. Car s’il est vrai que les NFD, l’UFC et le RDIG ne sont pas nouveaux sur l’échiquier politique guinéen, il est vrai aussi que leurs tentacules ne sont pas suffisamment longs pour embrasser les défis d’un univers politique qui écume de coups-bas et qui foisonne de clientélisme. La grandeur de ces partis, de leurs timoniers et peut-être celle de ceux qui les rejoindront prochainement se mesureront à l’aune des fiefs qu’ils auront conquis et des victoires qu’ils auront remportées. Le cas échéant, un revers permettra de légitimer la thèse selon laquelle plusieurs partis de l’opposition ne doivent leur salut qu’à la survie de l’UFDG. Pour dire là que le « sevrage » s’annonce d’enjeu et présage de l’effort que Mouctar Diallo, Aboubacar Sylla et Jean Marc Telliano doivent fournir pour éviter que leur mariage ne finisse en eau de boudin.
Camara Ibrahima Sory