De nombreux dirigeants africains militent de plus en plus en faveur d’un retrait massif sinon total des pays du continent de la Cour pénale internationale. Ils reprochent à la CPI de ne viser que des Africains et de faire dans la partialité. Mais pour Mohamed Lamine Kaba, la question ne se pose pas : L’Afrique doit bel et bien rester au sein de la CPI.
Depuis un certain moment, beaucoup de citoyens et hommes politiques d’Afrique sont hostiles à une participation du continent à la Cour Pénale internationale. Pour eux, cette cour de justice n’est pas « transparente » dans la gestion des dossiers qui touchent les Africains. Une idée que réfutent certains acteurs politiques de Guinée qui soutiennent le maintien de l’Afrique au sein de la CPI. « C’est une chose extrêmement déplorable, commente Mohamed Lamine Kaba, acteur politique, surtout quand on sait qu’en Afrique, assez de sang a coulé et nous avons connu beaucoup de dictature, de rebellions. La logique voudrait donc qu’on ait une structure indépendante, et cette structure indépendante, il y a la CPI qui est impartiale dans ses prises de position. C’est le cas d’ailleurs du président Kényan(Uhuru Kenyatta Ndlr) qui s’est livré à cette justice mais dont les poursuites ont été abandonnées par la suite. Donc ça veut dire par là que c’est une structure qui ne cible pas. Contrairement à certains afro-pessimistes qui pensent que la CPI est faite exclusivement pour les hommes d’Etat africains, je pense que ce n’est pas la vérité ».
Pour le président du parti FIDEL, il serait bien de s’aligner derrière la Cour lorsqu’on sait qu’il y a sur le continent africain des chefs d’Etat qui répriment leur peuple. « Nous pensons qu’il faut toujours rester dans la CPI et le fait de prendre la distance par rapport à cette institution veut dire par là qu’ils ne sont prêts à se réconcilier avec leur population qui est réprimée« , précise-t-il. Selon lui, le retrait de l’Afrique de la CPI encourage la dictature et pousse les dirigeants à se livrer à des excès et à corrompre les institutions.
S’exprimant sur la capacité de la justice africaine à juger les dirigeants fautifs sur le continent, Mohamed Lamine Kaba explique qu’il y a une instance quand même qui « nous a montré son impartialité mais qui est une instance supranationale, c’est le tribunal qui a jugé Hissène Habré au Sénégal. Donc nous pensons que cela a été fait et les victimes ont été remises dans leur droit. Je pense qu’on peut le faire si on a la bonne volonté. Mais cela ne doit pas nous empêcher de rester membres de la CPI« , conclut-il.
Gassime Fofana