En Guinée, beaucoup de réformes ont été engagées ces dix dernières années, dans le domaine de l’administration publique. Parmi ces réformes, il y a le PREMA ( programme de réforme de l’État et de modernisation de l’administration), qui s’articule autour de six axes stratégiques :
– la révision du cadre institutionnel de l’État ;
– l’amélioration et l’adaptation des outils de gestion des ressources humaines de l’État ;
– la rationalisation des services centraux de l’État ;
– l’amélioration des procédures de coordination interministérielle ;
– la déconcentration, la décentralisation, le service public de base ;
– la communication ;
– la Reforme et la modernisation de la Fonction Publique.
Un programme très séduisant. Mais que dire de son opérationnalisation ?
Malgré ces réformes, il reste encore beaucoup à faire pour asseoir davantage une administration dynamique et productive dans notre pays. Rajeunir l’administration publique s’avère aaujourd’hui comme un défi non négligeable. « Les jeunes sont-là, prêts à faire tout ce qui peut être utile. Et leur grande déception, c’est lorsqu’on n’est pas capable de leur assigner un travail à la hauteur de leur disponibilité. »
J’interpelle donc le Président de la République et le gouvernement, en tenant compte des véritables défis qui nous incombent en tant qu’État en développement, de tenir compte de la disponibilité de notre jeunesse courageuse, de poursuivre et d’intensifier l’oeuvre de rajeunissement en cours.
Nul ne saurait ignorer la place qu’occupe l’administration dans le processus de développement d’un pays. Cela demande engagement, énergie, compétence et responsabilité. Notre jeunesse est l’incarnation de toutes ces vertus.
Et pour que cela soit effectif, le gouvernement doit revoir sa politique d’employabilité en promouvant de plus la compétence et la rigueur dans le travail, sachant bien que l’administration est apolitique.
La réforme de l’État visant la modernisation de l’administration passe par la revue de toutes les ressources et de tous les outils de fonctionnalité et d’actions de l’administration. Aussi, la mise en place des « Data center » est très éfficace et indispensable pour une administration qui souhaite être moderne car cet outil permet de reduire la corruption et de maîtriser les personnels. Il s’agit du cadre juridico-institutionnel, de la valorisation des ressources matérielles et techniques, ainsi que des méthodes d’action qui s’appuient sur la performance de l’action publique, l’efficacité, l’efficience et la participation.
La modernisation de l’administration passe également par la révision du processus décisionnel, car, quelles que soient les ressources, lorsque cette étape est faussée, l’action publique ne saurait être adéquate. D’ailleurs, l’insuffisante productivité de l’administration trouve ses fondements dans la présence excessive du principe de la hiérarchie et du centralisme. Pourtant, le contexte actuel est plus favorable à un système de coordination entre plusieurs acteurs publics et privés afin de mieux optimiser l’action publique.
Par ailleurs, la problématique du chômage des jeunes constitue aujourdhui une autre paire de manches. La question passe par l’analyse des politiques publiques sociales engagées en Guinée, notamment en matière de Fonction publique (âge de retraite, capacité de l’État à recruter, consécration d’une Fonction publique, la promotion de l’initiative privée, l’appui à la jeunesse).
Il est vrai que tout le monde ne peut pas se retrouver à la Fonction publique, mais la démographie, l’efficacité, la politique sont des indices qui influencent les politiques publiques en matière de l’emploi en général.
Enfin, avec la politique de décentralisation, l’on se doit d’interroger le rôle des collectivités, des entreprises locales ainsi que des ONG dans ce processus. Il est important que les règles de l’État et des collectivités soient plus équitables dans le ratio jeunes/non jeunes. La date d’acquisition du diplôme devant être neutre. Or, dans le privé, la quasi-totalité des ONG et des entreprises exigent cette expérience de plusieurs années, qui constitue un véritable casse-tête pour les nouveaux diplômés.
Aussi, il y’a lieu de s’interroger sur la capacité de l’État à mobiliser la majorité des acteurs autour de la thématique. Cela passe par la présentation d’un programme séduisant et pertinent aux yeux des participants… Bref, l’intégrité morale et la compétence doivent être les premiers critères de recrutement dans l’administration publique.
Alhassane Camara, JURISTE