La signature du contrat de 20 milliards de dollars entre la Guinée et la Chine continue de susciter des commentaires à Conakry. Alors que le gouvernement vante les mérites du contrat, les analystes restent circonspects. Pour eux, pour que cette somme profite aux Guinéens, il faudra que les autorités luttent d’abord contre la mauvaise gouvernance et renforce les institutions judiciaires du pays.
Alors que la Guinée vient de signer l’un de ses plus gros contrats miniers avec la Chine, les inquiétudes sont légion dans la cité du fait que, pour beaucoup, le système de gestion publique n’est pas transparent pour faire bénéficier ce geste à tout le peuple guinéen. Une situation qui pourrait profiter à une certaine minorité de personnes et empêcher le développement souhaité par le pays. Déjà, c’est le Haut représentant du Chef de l’Etat, Sidya Touré, qui tire la sonnette d’alarme. Dans une de ses sorties récentes, le président de l’UFR a estimé que dans le gouvernement d’Alpha Condé, il y a « certains ministres malhonnêtes ». Cette mauvaise gouvernance inquiète également plusieurs économistes du pays qui tentent d’expliquer les conséquences de la gestion opaque des fonds publics. « La plupart des pays africains sont riches sur les plans minier, agricole, énergétique et halieutique. Mais le fait que l’Etat n’a pas une politique de gestion transparente, les citoyens souffrent. Et le peu qui gouvernent sont dans le confort», dénonce Amadou Djouldé Bah, professeur d’Economie politique qui précise par ailleurs que, pour comprendre le symptôme le plus visible de la mauvaise gestion publique, « vous allez voir que les pauvres sont plus nombreux que les riches. Parce que les citoyens ne bénéficient pas de l’intérêt des contrats miniers, agricoles ni même les recettes fiscales et non fiscales ».
Lutter contre la mauvaise gouvernance par la justice
«Aucune économie, quelle que soit sa grandeur ne peut survivre dans une politique de mal gouvernance, commente Mamadi Condé, économiste, parce que la mauvaise gestion donne une autre direction à l’Economie du pays autre que celle qui mène vers des secteurs qui peuvent apporter des changements positifs à des structures économiques dans le pays pour l’intérêt national ». Pour lui, quand les institutions juridiques sont défaillantes, cela ouvre la voie à beaucoup de dérapages. «Dans un pays où on n’a pas peur de détourner les biens publics, de mal gérer et où on ne rend pas de compte aux citoyens, c’est parce que la justice est faible. Elle ne joue pas son rôle». Pour lui, si la Guinée veut accélérer son développement, ce n’est pas dans les promesses ni dans les beaux discours; il faudrait d’abord que les autorités, les citoyens changent de comportement et de méthode de gestion. «Sans quoi, aucun projet ou contrat ne saura nous tirer de cette pauvreté et de cette souffrance », conclut M. Condé.
Gassime Fofana