L’augmentation du chômage des jeunes en Afrique et en Guinée en particulier constitue aujourd’hui un réel et grand défi pour les autorités privées et publiques. Que faire pour inverser la tendance ?
Selon plusieurs acteurs, comme Ousmane Soumah, économiste, il faut faire une transition dans le système de formation en Guinée. « La Guinée est un pays qui est dans le système d’enseignement général. Et ce système est transversal et conceptuel. Plus loin, il ne tient pas dans monde où les économies sont capitalistes. En plus, notre système actuel de formation n’est pas conforme aux besoins et aux exigences des marchés de travail. Raison pour laquelle, les firmes étrangères qui viennent en Guinée, qu’elles soient minières ou industrielles, ont du mal à employer plus de mains d’œuvre. Car la plupart des jeunes ont fait des études qui ne sont pas en adéquation avec les offres d’emploi de ces entreprises. La preuve en est avec le projet Simandou. Les entreprises qui travaillent dans ce projet pourraient avoir des difficultés aujourd’hui à trouver des mains d’œuvre locales qui correspondent à leur demande d’emploi. Il y a plus de candidats, mais beaucoup manquent de qualification et d’autres ont des profils scolaires et universitaires qui ne correspondent pas à l’offre d’emploi », dit-il, tout en ajoutant : « c’est pourquoi, il faut une mutation de système de formation pour aller vers les compétences techniques et professionnelles, créer plus d’écoles professionnelles et techniques avec des formations de qualité de courte durée. Parce qu’on n’a plus le temps d’aller vers des études de 20 ans ou plus, surtout dans un pays du Tiers- monde. Mais avec des collèges, lycées et universités techniques et professionnels, en présence des moyens nécessaires pour une formation de qualité, en tenant compte aussi des exigences et des besoins du développement, mais aussi du marché de l’emploi, on peut minimiser le chômage et réduire l’importation des mains étrangères qualifiées. Car les entreprises nationales et étrangères trouveront un capital humain local formé et qualifié. »
Ouvrir la politique à tous les citoyens
« Mais cette formation technique et professionnelle ne doit pas être que pour ceux qui sont à l’école. Il faut créer un système d’intégration générale, même pour ceux qui n’ont pas été à l’école, afin de pouvoir offrir la possibilité à tous d’être ou de se former dans un métier. Il faut qu’on sache que la formation technique et professionnelle a été l’un des principaux leviers de développement des pays aujourd’hui développés ou considérés comme des puissances économiques. Mais malheureusement, chez nous, tout le monde pense que le développement repose sur l’Université. C’est pourquoi beaucoup passent plus de 3 à 4 ans pour rentrer à l’université. Et s’ils gagnent, on les oriente dans un cursus inadapté aux marchés de travail. Finalement, certains regrettent et d’autres, pour subvenir à leurs besoins, se lancent dans les secteurs informels comme moto taxi, les jeux du hasard », conclut-il.
Gassime Fofana