Jusque- là ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Cheick Sacko a démissionné de son poste depuis Montpellier où il se trouve actuellement. Motif, une éventuelle modification de la Constitution. Un geste que certains observateurs assimilent à de la peur et estiment que le débat sur une nouvelle constitution est clos puisque le spécialiste a parlé.
« Tirant les conséquences de votre silence depuis le 4 avril 2019, jour de notre entretien et de la remise du courrier vous demandant de me remplacer dans mes fonctions de ministre de la justice, garde des Sceaux, je vous présente ma démission du gouvernement », écrit Cheick Sacko au président guinéen.
La question de troisième mandat et le projet d’une nouvelle constitution ne cesse de créer de l’imbroglio et du déséquilibre au sein de la gouvernance en Guinée. C’est sans doute suite à ce constat que le ministre aura donc décidé de rendre le tablier. « En réalité lorsqu’un ministre démissionne du gouvernement, ça doit faire peur, surtout en Guinée on n’a pas la culture de voir des ministres démissionner. C’est des situations et des cas très rares surtout pour un ministre de la justice, garde de sceaux », entame Dr Alhassane Makanera Kaké, juriste et analyste politique.
Une démission liée à une éventuelle modification de la Constitution
C’est un argument très attirant et éducatif. Car, selon Dr Kaké, Cheick Sacko est le ministre de la Justice et garde de Sceaux. « Donc quand quand il dit qu’il démissionne du fait qu’on a pas l’intention de respecter la loi, c’est préoccupant. Parce que c’est lui qui est chargé d’appliquer la loi. Ensuite quand il dit qu’il n’est pas pour la modification constitutionnelle, que c’est illégal, dans le gouvernement, personne ne peut plus parler. Car c’est le spécialiste qui a parlé. Donc le gouvernement doit se taire. Chacun doit s’occuper de son domaine. Cheick Sacko qui s’occupe d’un domaine précis a alerté. En réalité, le débat est terminé et doit s’arrêter si c’était un projet du gouvernement ».
Le ministre de la justice a rendu justice
Depuis l’idée d’une nouvelle constitution en Guinée, les populations et acteurs politiques restent largement divisés. Mais selon le juriste Kaké, chacun doit s’occuper de ses affaires car le premier défenseur des droits a parlé. « Maintenant le ministre de la justice a tranché entre ceux qui disent que c’est juridiquement possible et ceux qui parlent du contraire. Surtout c’est un ministre d’État et membre du gouvernement en charge de la justice et garde des Sceaux. C’est le top. Je pense que sa démission pourra freiner ceux qui pensent à une nouvelle constitution », ajoute-t-il.
Avec l’argent, certains pourront-ils se plier?
Poursuivant ses explications, Dr Kaké réagit: « Devant l’argent et l’intérêt personnel, certains Guinéens foulent le droit au sol et se fixent un prix. On peut acheter n’importe qui. C’est qui déplorable. Parce que dans ma tête un haut fonctionnaire ou un homme n’a pas de prix, c’est pas une marchandise mais si on fait nos consciences comme une marchandise chinoise c’est terminé et ça n’avance pas le pays ».
En attendant la réaction présidentielle et la volonté des ambitieux d’une nouvelle constitution, il faut retenir que la Guinée est agenouillée et paralysée depuis plusieurs moments par cette tentative de troisième mandat et une nouvelle constitution. Pendant ce temps, les programmes de développement ne se réalisent pas, les secteurs de production sont au chômage et les conditions de vie se corsent de jour en jour.
Gassime Fofana