Ce mercredi, 07 avril 2021, le Chef du gouvernement guinéen était devant les parlementaires. Objectif, présenter la politique générale de son gouvernement. À cette occasion, Kassory Fofana a mis l’accent sur le processus de démolition des maisons en cours à Conakry ainsi qu’à l’intérieur du pays. Selon lui, le Président de la République n’a pas ordonné de casser des maisons des citoyens et que lui non plus ne sait d’où vient l’ordre. « Quand le Président de la République, Alpha Condé, a appris qu’il y a des casses des maisons à Dubréka, il m’a interpellé. Il m’a dit que si cela est vrai, il va démettre le préfet de ses fonctions. J’ai convoqué le préfet de Dubréka avec ses services. Il m’a dit qu’il n’était au courant de rien et que l’instruction est venue de Conakry. Le Président Alpha Condé était dans tous ses états. Il a dit qu’il n’a pas donné l’ordre de détruire les maisons et qu’il n’était même pas au courant. Quand nous avons rencontré le ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire avec le Président de la République et moi-même, nous nous sommes rendus compte que l’ordre qu’il a donné était de récupérer les domaines de l’État. L’équipe est en train d’être constituée et elle n’a pas commencé à travailler. L’ordre de casser les maisons, personne ne sait d’où il est venu. C’est la vérité. L’instruction du Président Alpha Condé, c’est juste les emprises des routes, une mesure sur laquelle nous sommes tous d’accord. Aller casser les maisons des citoyens dans les quartiers, nous ne savons pas d’où ça vient mais la lumière sera faite sur instruction du Président de la République et les sanctions seront prises contre ceux qui se sont permis de se livrer à ces actions », a déclaré le premier ministre guinéen devant les députés.
Que penser de cette déclaration ?
Le sociologue Ansoumane Condé, en analyse de la situation, indique : « débarrasser les routes des emprises est une bonne chose pour rendre plus fluide la circulation et embellir la ville. Mais aller jusqu’à casser les maisons des pauvres citoyens dans les quartiers et avec tout ça ni le Président ni son chef du gouvernement, aucun ne sait d’où est venu cet ordre, cela veut dire que ça ne va pas et qu’il y aurait un hic dans l’administration publique de la Guinée, affirme-t-il. Parce que, ajoute le sociologue, la crédibilité d’un gouvernement ou d’un pouvoir repose sur sa capacité à bien gérer le pays, et cette gestion fait appel à un contrôle et un suivi stricts des actions de l’Etat. Mais si, conclut-il, au niveau d’un gouvernement, un ordre comme casser des maisons des citoyens dans les quartiers est donné, et que les véritables responsables du pouvoir ne savent comment il est arrivé et qui l’a donné, il faut craindre pour l’avenir de cette administration. »
En attendant les regards restent désormais tournés vers la suite des enquêtes annoncées par Kassory Fofana.
Gassime Fofana