Banque : la nomination de Bona Mugabe crée des remous au Zimbabwe

C’est l’un des sujets qui fait la Une de la presse au Zimbabwe ces derniers jours. Alors que le pays patauge dans la crise économique, la nomination en l’espace d’une semaine de Bona Mugabe-Chikore, la fille du président Robert Mugabe, au conseil de deux grandes institutions du pays suscite beaucoup de critiques. 

Mérite ou privilège ? En une semaine, Bona Mugabe-Chikore, la fille du président zimbabwéen Robert Mugabe s’est vue attribuer deux postes au sein de deux entités stratégiques. La première nomination annoncée le 23 mai dernier l’introduit dans le Conseil de la censure du Zimbabwe, une institution impopulaire qui a pour rôle de contrôler et réguler les médias et l’industrie cinématographique dans le pays. Quatre jours plus tard, le ministre de la Jeunesse, de l’indigénisation et de la responsabilisation économique, Patrick Zhuwao, annonçait la nomination de la jeune femme de 27 ans au sein du conseil d’administration d’Empower Bank, une nouvelle institution bancaire dont l’objectif premier est de financer les projets des jeunes entrepreneurs issus des milieux défavorisés et promouvoir l’inclusion financière. Actionnaire, le gouvernement y a contribué à hauteur de 2,5 millions de dollars.

Aucune expérience en banque?

L’annonce de ces deux nominations successives a suscité beaucoup de critiques. La presse a notamment décrié une présumée volonté de l’Etat de contrôler davantage et museler médias et artistes en introduisant la fille du président au sein du Conseil de la censure. « Dernier clou à la liberté d’expression artistique », « désastre destiné à supprimer l’information », …artistes, médias et syndicats n’en finissent pas de dénoncer.

Au sujet de son poste au conseil d’administration d’Empower Bank, les critiques remettent en cause ses compétences pour assurer une aussi haute fonction et crient au « népotisme ». Diplômée en finance et comptabilité des universités de Hong Kong et Singapour, Bona Mugabe-Chikore, selon la presse zimbabwéenne, n’aurait à son actif aucune expérience professionnelle au sein d’une banque.

D’autant plus que dans une interview accordée à All Africa cette semaine, le ministre Patrick Zhuwao, qui n’est autre que le neveu du président, confiait que le conseil d’administration est composé de « personnes possédant l’expertise, le savoir-faire et l’expérience pertinents qui feront en sorte que les services et l’administration de la banque Empower Bank soient conçus sur mesure pour ceux qui ont longtemps été marginalisés et non bancarisés par le secteur bancaire, qui sont en réalité ceux qui contribuent à la croissance d’une nouvelle économie ».

La défense du gouvernement

Selon lui, la nomination de « trois jeunes » dont un homme et deux femmes parmi lesquelles Bona Mugabe-Chikoré, « qui ont de l’expérience dans les affaires et le secteur bancaire » permettra, par leur meilleure compréhension des besoins des entrepreneurs de leur génération, au Conseil d’administration de mieux atteindre ses objectifs.

Au sujet de ses compétences, le ministre s’interroge sur les objectifs de la polémique estimant que Bona Mugabe-Chikore devrait être considérée pour son statut de citoyenne ayant un parcours financier pouvant être bénéfique à la nation et non en tant que la fille du président de la République.

« Elle a poursuivi ses études dans le secteur financier au niveau d’un diplôme et de maîtrise. Elle a également une expérience dans les affaires, ayant aidé à gérer une entreprise commerciale, c’est GushungoDairy. Elle a également commencé sa propre entreprise. Alors, pourquoi ne peut-elle pas être considérée, n’a-t-elle pas beaucoup qu’elle peut offrir à ses pairs zimbabwéens qui bénéficieront de la Empower Bank? », a-t-il martelé, insistant sur le fait que sa nomination a été intégralement soumise au « processus régulier requis par RBZ, qui considère ses qualifications et son expérience ».

Les réponses du ministre n’ont cependant pas suffi à calmer les critiques. Après les nominations de plusieurs proches du président, celles de sa fille, ainsi  que celle -en octobre 2016- de l’époux de cette dernière, Simba Chokore, au poste de directeur d’exploitation d’Air Zimbabwe, nombre de Zimbabwéens continuent de crier au népotisme et dénoncent une volonté de la famille présidentielle de prendre les rênes des institutions clés de l’Etat. Et sur le sujet l’opposition se frotte bien les mains.

afrique.latribune.fr

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