Depuis l’arrivée du Président Alpha Condé au pouvoir en 2010, assurer l’autosuffisance alimentaire est l’un de ses objectifs de développement. Des efforts sont fournis notamment pour accompagner les paysans en leur fournissant des matériels et intrants agricoles. Mais très malheureusement, plus de dix ans après et en dépit des discours, la Guinée semble encore loin du but. Les difficultés pour l’obtention des denrées alimentaires persistent tant dans la capitale que dans les villes du pays. Reprenant le flambeau, le Premier ministre promet aussi que dans cinq ans, la Guinée sera un pays indépendant sur le plan alimentaire. « Avec le Plan national du développement économique et social (PNDES), nous serons autosuffisants en riz au plus tard 2026. A cette période, les autres produits d’exportation auront pris de l’ampleur », soutient Kassory Fofana.
L’analyse de certains économistes porte à croire que cela ne pourrait pas être possible en l’état actuel des choses. « Avec la politique du gouvernement Kassory, il serait difficile de promouvoir et d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en Guinée en un quinquennat. Pourquoi ? D’abord, il faut rappeler que la Guinée a une mauvaise orientation de sa politique économique. Le développement d’un pays ou d’un secteur se mesure par la grandeur de son budget. Ici, les secteurs porteurs de croissance sont moins nantis que les secteurs qui gardent l’argent, c’est-à-dire on donne peu de budget à un secteur qui doit nourrir le pays en capitaux qu’à un secteur qui garde justement ces fonds. Ensuite atteindre l’autosuffisance repose sur le développement de plusieurs secteurs comme le transport, l’industrie, l’énergie ou le commerce, mais aussi sur des politiques qui permettent de soutenir et d’encourager les paysans comme la création des caisses de compensation financière, des subventions conséquentes. Mais lorsqu’on regarde la structure économique de la Guinée, tous ces secteurs qui doivent développer et valoriser le secteur primaire sont faibles. Il y a des localités en Guinée qui n’ont même pas d’infrastructures routières, industrielles et énergétiques de qualité », constate Kerfalla Kéita, économiste.
Poursuivant son analyse, notre interlocuteur indique : » il ne suffit pas d’envoyer des engrais ou des semences, mais si nous voulons promouvoir l’auto suffisance alimentaire, il faut d’abord identifier les besoins nationaux dans ce sens. En plus, faire l’inventaire des groupements de paysans, pour ensuite les former, les éduquer avec de nouvelles techniques agricoles et leur créer des conditions techniques, économiques et commerciales indispensables à la valorisation de leurs activités. Ensuite, sanctionner tout ceci par le développement des infrastructures de transport ou industrielles par exemple. Enfin, il faut élargir le marché intérieur. Parce que même si la production est en qualité et en quantité, si le marché est étroit, cela pourra affecter la production. Et tout cela ne saurait être possible en cinq ans, surtout quand on n’a pas une priorité économique basée sur le progrès de l’agriculture », conclut M. Kéita.
Gassime Fofana
Si ces promesses se réalise ça sera plus un atout pour la Guinée