Comment va la Guinée en ce premier trimestre 2019 ? Se demandent sûrement les Guinéens de la diaspora n’ayant pas foulé le sol du 224 depuis plus de cinq ans. La réponse est nuancée. Pour certains, (ceux pour qui tout baigne) elle va à merveille. Pour d’autres par contre (la grande majorité) elle est à l’agonie. (Par Hamidou BAH, Chargé de la commande publique, Consultant international, Spécialiste en Géopolitique)
En effet, dès l’arrivée au pouvoir en 2010 du KORO PROFESSEUR, la situation sociale du pays s’est délicatement tendue entre d’un coté les partisans du RPG Arc-en-ciel et de l’autre ceux de l’UFDG. L’héritage de ces élections de 2010 a été la montée de l’ethnocentrisme à tous les niveaux. Nous en avons déjà parlé n fois. Ce qui défraie la chronique dans la cité depuis quelques mois, ce sont les velléités non avouées du Professeur qui pourrait s’engager pour un troisième mandat. C’est un secret de polichinelle, le président semble succomber à la tentation (on ne peut pas trop lui en vouloir) car le pouvoir rend même les intelligents tordus.
Mais ce qui est drôle dans cette histoire, c’est le principal concerné en l’occurrence Koro professeur qui ne s’est jamais exprimé sur le sujet, renvoyant les journalistes vers le peuple (seul souverain) qui doit se prononcer au moment venu. Sauf que le peuple l’a déjà fait plusieurs fois par le biais des différentes Constitutions dont le pays s’est doté depuis son indépendance. Sur un des sites internet guinéens, une info capitale a défilé ces derniers jours, faisant état d’une volonté de l’entourage du président de soudoyer son ancien Haut représentant (Sidya TOURE) de soutenir le projet de troisième mandat en élaborant une nouvelle Constitution qui intègrera le poste de vice-président, poste qui sera occupé par M. TOURE.
Ces infos restent naturellement à vérifier, mais en Guinée il est de coutume que les rumeurs ont une large part de vérité. Des personnalités de l’administration ont déjà évoqué cette question à plusieurs reprises, certains députés, gouverneurs et préfets.
Il faut souligner tout de même que plusieurs voies s’offrent à Koro pour arriver à ses fins. La voie la plus probable est celle qui mène à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Toute œuvre humaine est perfectible, dit un dicton. Et partant de cette base, des personnes ont commencé à mettre en avant les failles de la présente Constitution votée par le CNT, arguant qu’elle n’est pas l’émanation de la volonté populaire. Il est donc nécessaire, selon eux, de la changer. Cette solution permettra au Koro national de se représenter car les compteurs seront remis à zéro.
L’autre solution serait une simple révision de la Constitution pour y insérer les clauses qui lui sont favorables.
Enfin, il peut procéder conformément à la jurisprudence congolaise, c’est-à-dire, le glissement. Les prémices de cette voie sont déjà visibles avec l’expiration du mandat des députés. Arguant des questions sécuritaires, sanitaires (fièvre Lassa) ou encore sociales (déguerpissement de Kaporo-rails), Aladji professeur pourra invoquer l’impossibilité d’organiser une présidentielle en 2020 jusqu’à ce que la situation revienne un peu à la normale. Wait and see !
Et les autres ?
Eh bien les autres ne savent plus quoi faire !! L’opposition républicaine avec à sa tête le KOTO CELLOU NATIONAL et son UFDG sacrée ont d’autres préoccupations (contestation des élections des Maires de Kindia et de Matoto, recomposition de la CENI, projet de nouvelles manifs, …). Elle ne peut pas se prononcer sur un éventuel troisième mandat vu que le président n’en parle pas.
Parallèlement, une nouvelle Coordination des autres partis politiques vient de voir jour avec notamment les troisième et quatrième formations politiques du pays et leurs leaders ne sont autres que Sidya TOURE, Lansana KOUYATE et compagnies. Cette coalition qui ne se reconnait ni de la mouvance ni de l’opposition républicaine entend bien jouer les trouble-fêtes en 2020, s’il y a élection.
La société civile parait impuissante tant elle est morcelée, politisée, ethnicisée et sans feuille de route collégiale.
La population elle, semble résignée car, à mon avis, mentalement les esprits ont intégré le fait que M. CONDE va vraisemblablement diriger le pays au-delà de 2020. Par quel miracle ? Nul ne semble en mesure de le prédire.
Qu’on ne se méprenne pas, si M. CONDE veut son troisième mandat, il l’aura. A quel prix ? Pour quelles conséquences ? L’avenir nous le dira.
Très intéressant. Mais je pense que si jusqu’à présent il n’y a pas eu quelque chose de clair pour le troisième mendat du président de la République, c’est par ce qu’il est en train de préparer une surprise , qui ,peut être laissera tout le monde sans mot. Il ne nous reste qu’une Année ou moin et on attend la suite avec impatience.