An 62 de l’armée guinéenne : l’analyse de Dr Dansa Kourouma, président du CNOSCG

Une des caractéristiques de la souveraineté nationale, l’armée guinéenne a fêté ce dimanche ses 62 ans d’existence. Une occasion pour certains acteurs de porter un regard sur les actions de nos troupes mais aussi de parler des réformes ainsi que des défis qui les attendent. «D’abord du point de vue politique, il faut reconnaître que la réforme de l’armée a servi à quelque chose, même si les gens sont partagés la-dessus, selon les opportunités et le moment. L’armée guinéenne ne s’est jamais attaquée à un régime démocratique. Cela est un élément essentiel du caractère républicain des formes armées. Ensuite, la Guinée n’a pas connu de conflits internes graves auxquels l’armée n’a pas trouvé de solution. Je veux parler de rébellion ou de tentatives de déstabilisation. Et même le terrorisme qui menace les pays, je crois que la Guinée à été toujours pour le moment épargnée. Et à ce niveau là, L’armée guinéenne assure encore la confiance. Sa participation aux missions de maintien de la paix sur les plans international et sous-régional comme au Mali en est une preuve. Ce sont des éléments pour moi en matière de politique de défense qui sont appréciables. Il faut reconnaître également que le génie militaire a été revu et équipé. C’est vrai ce qui est attendu de cette unité c’est aller au-delà, c’est prendre en charge la réfection et même la construction des routes, des infrastructures sur le plan national, mais il y a eu quand même une véritable amélioration », se réjouit Docteur Dansa Kourouma, président du Conseil national des organisations de la société civile.

Que dire des autres ?

Par rapport aux autres forces notamment la police, la gendarmerie et les gardes forestiers, M. Kourouma précise : « l’armée n’est pas seulement les unités de combat, c’est aussi la police, la gendarmerie, les écogardes. Il faut reconnaître que la création des écogardes était une grande innovation. Mais sur ce plan, honnêtement, je ne suis pas du tout satisfait de la manière dont l’environnement guinéen est entrain d’être protégé et défendu par ce corps-là. Je crois qu’ils ne font pas leur boulot comme il se doit. L’environnement reste toujours confronté à une dévastation poussée avec d’abord le fait des hommes et l’exploitation minière sauvage, qui est entrain de déteindre négativement sur notre écosystème naturel. Donc le corps des éco gardes est confronté à des problèmes d’équipements, de motivation. »

Poursuivant son intervention, le Président du CNOSCG rappelle que ces 10 dernières années, la Guinée a été confrontée à des sursauts politiques importants avec le « record » des manifestations dans la sous-région et même en Afrique. Et le caractère particulièrement violent de ces manifestations interpelle. « Il faut reconnaître que les manifestations pacifiques sont seulement celles organisées par la société civile, mais toutes les autres manifestations politiques sont violentes, et ça se passe par des barricades, des attaques et la destruction des édifices. La police et la gendarmerie interviennent pour le maintien de l’ordre en utilisant de manière abusive la force et une répression qui fait que l’image négative des agents de maintien d’ordre est entrain de déteindre sur toute l’armée. Ce qui n’est pas normal. Sinon l’armée guinéenne – en tout cas les unités de combat – sont toujours caractérisées par la bravoure mais aussi c’est une armée qui est respectée dans la sous-région », analyse-t-il.

Quels défis ?

Au-delà des guirlandes de fleurs qu’on leur tresse à l’unanimité, les forces armées guinéennes font face à quelques défis à relever. « L’image de la police et de la gendarmerie dépeint sur l’armée, on doit avoir une analyse raisonnable. Les services de sécurité doivent être formés davantage  en droit humanitaire afin de sensibiliser, dialoguer avec les communautés, les populations quand il y a maintien d’ordre. Mais l’utilisation de la force, avec des moyens non conventionnels, est une insuffisance notoire des réformes des services de défense et de sécurité. Donc je suis partagé entre un sentiment de fierté face à une armée qui n’interfère pas dans les affaires politiques et qui reste quand même républicaine et des services de maintien d’ordre qui ne sont pas bien appréciés à cause parfois du caractère violent de notre population , mais également du caractère violent des répressions », ajoute-t-il.

Pour lui, trouver l’équilibre entre ces deux, doit être le nouveau défi des autorités en Guinée. « Il faut qu’on aille à des assises, à des actions civilo-militaires concrètes, de telle sorte que quand il y a problème dans un quartier, les services d’intervention soient dotés de personnels qualifiés comme des négociateurs, qui viennent discuter en civil ou en tenue car, ce dialogue est un élément qui peut réduire la violence. Ensuite il faut inverser le paradigme, que ce soit désormais des gens qui sont exemplaires, qui n’ont peut-être pas eu la possibilité d’aller loin dans les études, mais qui ont une bonne prédisposition physique et mentale. Que ce soit eux qui soient candidats pour intégrer l’armée », propose-t-il.

Gassime Fofana

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