Agression 70 : une belle leçon de bravoure qui mérite d’être perpétuée

« Opération mer verte »: telle est la dénomination que les envahisseurs ont donnée à leur complot contre la Guinée. Cette nuit du 22 novembre 1970, des centaines de soldats portugais débarquent  le long des côtes guinéennes. Objectifs, selon les avis des uns et des autres, libérer non seulement les détenus portugais, mais aussi renverser le régime du Président Sékou Touré , qui aurait été une entrave aux ambitions portugaises dans certains pays d’Afrique dont la Guinée-Bissau. Aujourd’hui, plusieurs acteurs se réjouissent encore de la victoire guinéenne contre cette menace extérieure. D’autres regrettent néanmoins que les autorités n’enseignent pas suffisamment cette histoire à la jeune génération.

Dans la nuit du 22 novembre 1970, à la veille du mois de Ramadan, des troupes portugaises, assistées de « dissidents guinéens », selon certains témoignages , tentent de renverser le régime de Sékou Touré, de neutraliser ensuite les rebelles actifs en Guinée-Bissau et enfin libérer des prisonniers portugais détenus à Conakry. Dans ce débarquement nocturne en Guinée, les troupes portugaises détruisent, d’après d’autres témoignages, la maison d’été du Président sans tarder, mais sans capturer Sékou Touré. Ils font aussi sauter des armes et des véhicules et s’emparent du quartier général de la guérilla. Cabral, qui est alors en Europe, leur échappe. Ils échouent aussi à prendre l’aéroport et à détruire les avions MIG. Cette opération a eu pour conséquences la perte d’environ 500 Guinéens et des dégâts matériels importants. Selon l’analyse de quelques acteurs, le pays s’est aussitôt remis sur pied et réussit à reprendre le contrôle sur les envahisseurs, malgré la surprise de l’attaque.
Cette histoire et d’autres qui vont suivre après poussent aujourd’hui les observateurs à interpeller l’Etat sur les menaces extérieures que court toujours la Guinée. « D’abord, c’est une agression extérieure. Sur ce, la Guinée n’est pas à l’abri d’une autre agression extérieure. La preuve, on a connu l’attaque rebelle en 2000. C’est pourquoi la Guinée doit prendre toutes les dispositions pour sécuriser davantage le territoire », explique Docteur Alhassane Makanera Kaké, juriste et analyste. Avant d’ajouter : « en 1970, il y avait un problème politique et diplomatique concernant la Guinée. En 2000, c’etait un peu similaire. Aujourd’hui encore le pays est envié à cause de ses potentialités naturelles. Il y a la convoitise pour l’or, pour le diamant ou d’autres. Cela signifie, qu’on le veuille ou pas, que les gens ont besoin de ce que nous avons. C’est pour cela qu’on doit se donner les mains. Lorsque la Guinée a été attaquée en 70, le peuple s’est levé à l’unisson pour combattre l’agression extérieure. Et ce fait a été répété en 2000. Vous avez vu, ce sont des jeunes volontaires qui ont géré les plus grands rangs. C’est ce qui nous donne le courage d’affirmer que, malgré qu’on dit qu’en Guinée, il y a conflits entre les différentes ethnies ou partis politiques, devant la contradiction fondamentale, on est capable de mettre celle-ci de coté pour faire face aux agresseurs extérieurs. C’est ce qui est avantageux pour nous, et ça encourage. »

Parlant de son « regret » par rapport à cette histoire symbolique dans les archives de la Guinée, Dr Kaké soutient que cet événement n’est pas suffisamment connu de la jeune génération. « Cette victoire a été déterminante contre les grandes puissances appuyées par certains pays de la sous-région. Mais on est pas fier de cette histoire. On ne l’enseigne pas. On ne montre pas que cela permet à la Guinée de se perpétuer. Aujourd’hui vous demandez à un enfant de 20 ans, c’est quoi le 22 novembre 70 ? Il n’y connaît rien. Et pourtant, le pays n’a pas eu une victoire aussi importante après celle face à De Gaulle que la victoire contre l’agression 22 novembre 1970. »

Gassime Fofana

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *