Il y a 25 ans, le 1er septembre 2000, la Guinée basculait dans l’horreur. Des forces rebelles venues du Liberia et de la Sierra Leone ont frappé plusieurs localités frontalières en quelques jours. Villages incendiés, des dizaines de morts, des milliers de personnes jetées sur les routes… cet épisode reste gravé dans la mémoire collective. Aujourd’hui encore, les récits des témoins témoignent de la terreur qui a marqué ce chapitre tragique de l’histoire récente du pays.
Un 1er septembre qui a tout changé
« En septembre 2000, la Guinée fut brutalement frappée par des incursions armées orchestrées par des forces rebelles venues du Liberia et de la Sierra Leone. Ces attaques ont débuté précisément le 1er septembre 2000, et ont plongé de nombreuses régions frontalières du pays dans la terreur », raconte Souleymane Soumah, enseignant-chercheur et Chef de Département Génie Électrique à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry.
Massadou : la première attaque
La première frappe survient à Massadou, village de Koyamah, dans la préfecture de Macenta.
« Elle fit plusieurs dizaines de morts parmi les civils, provoqua l’incendie d’habitations, le pillage de vivres et entraîna la fuite des populations locales. Les jours suivants, les violences se multiplient : le 4 septembre, Madina Woula, à la frontière avec la Sierra Leone, est attaquée, causant au moins quarante morts. Le 6 septembre, la rébellion tente même de s’emparer temporairement de Pamelap, proche de Conakry », détaille Souleymane Soumah.
La riposte de Lansana Conté
Face à la gravité de la situation, le président Lansana Conté prend la parole le 9 septembre.
« Face à ces agressions, le président Lansana Conté s’adressa à la nation, affirmant qu’il y avait des rebelles parmi les réfugiés et appelant la population à “écraser les envahisseurs”. Civils et soldats, défendons ensemble notre pays », déclare Souleymane Soumah, citant le discours présidentiel.
Malgré cet appel, les violences continuent de se propager : Macenta, Forécariah, Guéckédou, Kindia, Kissidougou… Les villages brûlent, les camps de réfugiés sont attaqués, et les civils exécutés. « Les exactions furent nombreuses, causant des centaines de morts », ajoute l’enseignant.
La condamnation internationale
Il faudra attendre décembre 2000 pour que la communauté internationale réagisse.
« Le Conseil de sécurité de l’ONU condamna fermement les incursions rebelles visant des villages le long de toute la frontière guinéenne, notamment à Guéckédou et Kissidougou. L’ONU dénonça les crimes, les pillages d’installations humanitaires et appela à la protection des civils ainsi que du personnel des agences d’aide », rappelle Souleymane Soumah.
Une mémoire encore vive
Pour Souleymane Soumah, ce chapitre douloureux illustre à quel point les guerres du Liberia et de la Sierra Leone ont débordé sur la Guinée.
« Les villages frontaliers ont été les premières victimes. Les civils en ont payé le prix fort, et les réfugiés, déjà marqués par la guerre, se sont retrouvés piégés dans une nouvelle tragédie. Malgré la riposte des autorités et la condamnation internationale, les traces de ces violences demeurent encore vives dans la mémoire collective », conclut-il.
Gassime Fofana

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