Certes, aucune instance judiciaire ne s’est encore prononcée pour confirmer ou infirmer les charges portées contre certains cadres guinéens, mais les autorités estiment, entre les lignes, que les deux directeurs généraux auraient commis des malversations financières. En attendant la suite des événements, les juristes soutiennent que, pour l’instant, ces cadres ne sont que des accusés.
C’est un dossier qui alimente la chronique depuis quelques jours. Sékou Camara et Paul Moussa Diawara, respectivement directeur général de l’Office guinéen des chargeurs et directeur général de l’Office guinéen de publicité ont été démis de leur fonction puis mis à la disposition de l’agent judiciaire de l’État ainsi que leurs comptables. L’affaire sent une malversation financière qui porte sur plusieurs dizaines de milliards de francs guinéens pour les deux régies.
Même si l’opinion se réjouit de l’acte posé par les autorités, les juristes estiment qu’ils ne sont pas encore coupables. «Bien que nous avons besoin que ceux qui détournent les capitaux publics soient sanctionnés, il faut reconnaitre que juridiquement, ils ne sont pas d’abord coupables. Parce qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence qui leur permet de se défendre devant la loi, explique Amadou Dian Diallo, juriste. Il est bien beau de saluer le fait qu’on limoge des cadres pour des crimes économiques présumés, mais le mieux aussi c’est de poursuivre le dossier afin que toute la lumière soit faite. Certainement, les accusés ont leurs arguments pour réfuter toutes les charges, mais il revient à l’appareil judiciaire de faire en sorte les enquêtes se poursuivent afin d’apporter des preuves que c’est bien vrai qu’ils sont coupables et sanctionner selon nos lois», précise-t-il.
La crainte de ce juriste et de bien d’autres que nous avons rencontrés réside dans le fait que généralement, des enquêtes sur de tels dossiers sont ouverts mais ne connaissent pas leur épilogue. « Il faudrait une justice indépendante pour statuer sur ces cas et sanctionner tous ceux qui se rendraient coupables de détournement de fonds publics. Sans cette indépendance, il n’y aura jamais de suite favorable surtout quand on sait que certains agents ont la culture de la corruption et des pots-de-vin», conclut M. Diallo.
Gassime Fofana