CEDEAO – AES : « il faut impérativement intensifier les pourparlers et négociations »

Avec une population estimée à 72 millions d’habitants, la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel ( le Mali, le Burkina Faso et le Niger) ne parvient pas toujours à une issue favorable avec la CEDEAO pour un éventuel retour de ces pays au sein de l’organisation sous-régionale. Mais il faut continuer, disent certains analystes, les négociations afin d’éviter des répercussions sociales et économiques si le divorce arrivait à être consommé.  

« Il faut à tout prix éviter une rupture dans l’espace de la CEDEAO notamment entre elle et les pays de l’Alliance des États du Sahel. Déjà, c’est une bonne chose de proroger la transition des présidents du Sénégal et Togo afin de poursuivre le processus de négociation pour le retour de ces trois pays dans la famille. Il faut également initier d’autres actions comme l’implication des religieux et des acteurs capables de désamorcer une crise sociale et politique, parce que l’intégration économique est aujourd’hui l’un des instruments utiles pour briser le cercle vicieux de la pauvreté et du retard économique des États. Donc il faut impérativement intensifier les pourparlers et négociations pour résoudre cette crise ouest -africaine. Pour y arriver, les États membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et l’institution elle-même doivent mettre au centre des débats les intérêts de leur population ainsi que les conséquences qui pourraient ressortir de toute rupture et tenir compte des principes d’accord ayant conditionné la création de la CEDEAO. Parce qu’il y a déjà de sérieux problèmes de développement pour les 15 Etats membres. Donc une rupture maintenant ne ferait qu’accentuer la pauvreté sociale et financière dans la zone. Alors autant trouver de nouveaux accords par des concessions de part et d’autre», souligne Ibrahima Kalil Sacko, économiste.

Quels effets si le divorce est consommé ?

« Nous vivons dans un monde où les États développés ou pas sont si interconnectés, à plus forte raison ceux qui partagent la même zone géographique. Donc la désintégration aujourd’hui entre les pays de l’AES et la CEDEAO serait fatale non seulement pour les économies de l’institution régionale mais aussi pour celles des pays de la région. Parce qu’avec une interruption d’une intégration par le retrait d’un ou à plus forte trois pays membres, on réduit le marché régional. Ce qui, à son tour, va affecter la production des entreprises et plusieurs politiques économiques régionales. Donc un tel départ de ces trois pays pourrait aussi affecter le commerce, la libre circulation et la sécurité régionale et pourrait entraîner également la baisse du produit intérieur brut de la CEDEAO ainsi que les membres, mais aussi la réduction de la zone d’importation et d’exportation régionale », dit-il avant d’ajouter : « nous savons que nos entreprises de biens et services sont confrontés à l’étroitesse du marché intérieur, et beaucoup d’entre elles n’ont pas non plus accès aux marchés occidentaux et asiatiques, donc en réduisant la zone d’intégration économique qui permet l’élargissement des marchés régionaux aux producteurs et aux consommateurs, on affecte la production et la productivité de nos entreprises et plus loin la dégradation des conditions de vie », affirme l’économiste.

Par ailleurs, il faut rappeler que, selon plusieurs informations, la raison qui serait derrière le retrait de ces trois pays dirigés par des juntes militaires hostiles à la France est qu’ils estiment que la CEDEAO serait devenue « une organisation instrumentalisée par Paris. »

 

Gassime Fofana

 

 

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