C’est peut-être le présage d’une nouvelle ruée minière vers la Guinée. Mais cette fois-ci, c’est pour bien le plus grand gisement de fer, d’une qualité et de teneur qui dépassent tout entendement. Ces blocs de fer qui n’existent encore nulle part au monde, se trouvent à Simandou, au sud-ouest du pays frontalier du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire, et à environ 800km de la Capitale administrative de Guinée. Après plusieurs tentatives de son exploitation, c’est finalement les autorités de la transition qui signent avec les partenaires des consortiums dirigés par l’entreprise minière anglo-australienne Rio Tinto et par Winning International Group(Chine). En accord avec les autorités de la transition, l’opération d’exploitation débutera en 2025 par Rio Tinto, qui va investir 1/3 des 20 milliards de dollars prévus, le reste devant être apporté par 7 entreprises dont 5 chinoises.
Les exigences liées au lancement et à l’exploitation de Simandou
Sur table des négociations, plusieurs conditions ont été dictées pour le lancement dont la construction d’infrastructures ferroviaires d’environ 500 km. A cela s’ajoutent des exigences nationales soulignées par le pouvoir exécutif actuel (la transition), dont une conformité à leur promesse environnementale et fiscale en terme de recettes pour le trésor public. Les intérêts nationaux devraient être préservés par les exploitants. Mais quels sont les enjeux économiques et financiers de l’exploitation des 2.4 milliards de tonnes de fer de Simandou pour la Guinée ? Le fantasme que créent aujourd’hui les blocs miniers de fer de Simandou devraient servir de tremplin pour la Guinée vers le développement du pays par le biais de l’amélioration des conditions de vie, le développement des infrastructures socioéconomiques de base et réduire la pauvreté. Car, pour plusieurs acteurs nationaux et africains, le projet Simandou, avec ses qualités de fer est l’un des projets les plus chers et convoités au monde notamment pour occidentaux et asiatiques. Ces derniers y trouvent une énorme source de richesses permettant de maintenir ou d’améliorer l’élan du développement de leur pays et favoriser en conséquence et davantage une meilleure vie pour leurs populations respectives. Donc, cela doit être le cas pour la Guinée. Le pays doit profiter de ce mégaprojet. Parce que l’enjeu de Simandou est que c’est un projet qui va permettre à la Guinée de retrouver sa santé économique et financière, ( par le paiement des fiscalités minières et autres actifs de finance liés au contrat d’exploitation des blocs de fer de cette région), qui peuvent et doivent être d’une importance capitale pour la Guinée afin de faire face aux défis, aux besoins et aux exigences du développement national. Avec les retombées de ce projet, la Guinée pourrait avoir une source de revenus durable et faire face à son déficit financier.
Impact à court terme
Par ce projet titanesque, le pouvoir public Guinéen doit être en mesure et en faire un outil pour la résolution des problèmes énergétiques, alimentaires, infrastructurels, d’emploi, pour ne citer que ceux auxquels sont exposés les Guinéens, malgré l’abondance, les atouts et les ressources de développement gigantesque dans leur pays. Pour cela, il faut une gouvernance publique responsable et saine de ce fond minier issu de Simandou.
Impact à moyen et à long termes
Le pouvoir public doit orienter les ressources financières de Simandou dans le développement qualitatif et quantitatif du secteur primaire notamment l’agriculture. Et il doit faire de ce projet un instrument permettant d’assurer une sécurité financière et économique du pays, en utilisant et investissant rationnellement les retombées fiscales de l’exploitation de Simandou dans d’autres projets et programmes de développement national, mais aussi en faire une alternative pour assurer la garantie financière, sociale et économique pour des générations futures.
Mais la question qu’on se pose reste liée à la capacité de répartir équitablement les recettes financières issues de cette exploitation de Simandou. Ce, au regard de l’inefficacité des institutions minières notamment de la Guinée à prévaloir et défendre l’intérêt du pays devant les partenaires et entreprises étrangers. En conséquence, c’est la Guinée qui perd toujours dans les contrats miniers, qui sont souvent mal ficelés et régis d’inégalités très larges. Autre facteur qui pourrait entraver la réussite de ce projet pour la Guinée est la faiblesse ou la vétusté d’une législation minière faible, mais aussi l’absence de ressources humaines qualifiées et souvent complexées face aux partenaires occidentaux et asiatiques d’une extrême qualification dans les négociations de contrats miniers et économiques.
Les effets de cette exploitation sur le plan social et environnemental
Même si les sociétés minières développant Simandou ont promis de respecter des normes strictes en matière de droits humains et d’environnement, disons que le projet de mine de fer de Simandou en Guinée présente de graves risques pour les terres, l’eau et l’environnement des communautés concernées… il y a aussi l’émission d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère, qui peuvent être source de problèmes sanitaire, social, économique et écologique. Il pourrait aussi provoquer la disparition ou la perte des espèces animales qui vivent dans cette région.
Gassime Fofana