Si pour certains, l’évaluation des ministres de la transition par le Chef du gouvernement est un signe de bonne gouvernance, pour d’autres, c’est un symbole de la dérive de la transition.
À quoi sert cette évaluation et pour quel résultat attendu? Faut-il évaluer avant ou après plusieurs années d’exercice d’une fonction ? Est-ce une démonstration du populisme gouvernemental ? Tant de questions qui circulent en ce moment en Guinée après cette évaluation des ministres.
Pour sa part, Mohamed Cissé, professeur de Chimie, affirme : » je pense que c’est une bonne chose de procéder à l’évaluation d’un cadre en fonction pour pouvoir détecter ses faiblesses et ses capacités vis-à-vis du poste qu’il occupe et sa feuille de route. Mais, la chose ne devrait pas se limiter là, parce qu’en Guinée, le plus souvent, les évaluations de ce genre sont sans effet. Donc, si le Chef du gouvernement, qui devrait aussi être évalué, a initié une évaluation des membres de son gouvernement, il faudrait qu’il y ait des répercussions, au- delà de la simple publication des résultats. C’est-à-dire, si on a évalué, c’est pour connaître qui est capable et qui ne l’est pas. Donc il faudrait par la suite faire débarquer tous ceux qui ne sont pas admis. Et dans ce cadre, ça serait un signe de bonne gouvernance « .
Un avis qui demeure moins partagé par d’autres analystes. Pour le sociologue Ansoumane Condé, cette évaluation montrerait que la transition serait entrain de perdre l’élan de ses objectifs . » Dans les autres pays, lorsqu’il s’agit de la gouvernance d’un pays, on ne blague pas. Parce que cela implique une immense responsabilité qu’aura chaque personne qui sera nommée. Pour ce faire, il faut tenir compte de beaucoup de paradigmes qui peuvent influer tout en apportant une évolution conséquente tant pour le pays que pour son peuple. Mais si déjà, on passe par des choix de gouvernants de manière fantaisiste et le plus souvent avec népotisme, on ne peut pas s’attendre au développement, parce que ce développement est le fruit du choix des hommes. Comme dit l’ancien Président Ahmed Sékou Touré, l’homme à la place qu’il lui faut. Mais si on ne tient pas compte des facteurs de gouvernance publique, on vient après, pour dire que tel ministre a eu 00/10, cela montre que les nominations n’ont tenu compte d’aucun principe de gestion. Donc, poursuit-il, je ne trouve aucun intérêt dans cette initiative sinon que montrer le mauvais choix des ministres par le pouvoir exécutif. »
Gassime Fofana