En football, il est des victoires qui sonnent un instant et des défaites qui résonnent dans le temps. L’Histoire retiendra désormais que le football n’est plus l’apanage des nations du Nord, les Lions de l’Atlas viennent d’en faire la démonstration stoïque et éloquente devant l’équipe la plus étoffée de ce Mondial du Qatar.
Qu’est-ce qui a manqué dans ce France-Maroc aux Marocains ?
D’abord la mauvaise lecture du gardien Bonno. S’il avait fondu directement sur Hernandez comme un épervier, il aurait créé la faute pour « pied haut » s’il était allé au contact. Mais en restant attentiste et hésitant à un mètre, Hernandez a eu le temps de faire ce qu’il a fait si bien pour ouvrir le score. Ensuite, si ce but précoce n’a pas visiblement coupé l’herbe sous les pieds marocains, il les a sortis de leur réserve en énergie pour courir sur les talons à faire circuler stérilement le ballon sans frapper au but. Cela était compréhensible après leur triathlon gagnant devant la Belgique, l’Espagne et le Portugal, des prétendants, pas des moindres, au titre. En tout cas, « la bande à Bonno de Regragui » a manqué nettement de lucidité à deux ou trois opportunités dans la surface de faire le coup du père François aux « Coqs bleus », auquel cas, ils auraient envoyé Didier Deschamps à la retraite anticipée avec son curieux dispositif 4-2-3-1, schéma qui isolait Giroud dans la défense marocaine pour le museler, d’autant qu’il avait des répondants bien à sa taille dans la défense marocaine. Que signifie cette longue embrassade entre Regragui et Giroud à la fin du match et que se sont-ils dit ? Malgré le dispositif défensif marocain mis en place en nombre pour contrer « la hyène de terrain » qu’est M’Bappé, un gars qui rappelle un certain Marc Overmars, « la 404 hollandaise » des années 90-2000, les Marocains avaient eu le temps et la force de faire face à Dembélé et à Griezman. Le deuxième but (de balle perdue) a noyé définitivement tous les espoirs et la fougue des Marocains. A leur décharge, on n’a pas besoin de dire que la France a le banc le plus fourni de ce Mondial de Qatar, malgré l’hécatombe des blessés.
Aussi on se demande qui, cette fois, aura le Ballon d’or de Messi, de M’Bappé et de Griezman, le ventilateur, qui s’est joliment reconverti en milieu de terrain.
Les Guinéens connaissent bien ce genre de reconversion d’attaquants en milieu de terrain de terrain. Soumah Soriba « Edenté » et Chérif Souleymane ont bien réussi cette prouesse et cette reconversion. Carlos Alberto, le capitaine et libéro brésilien et champion du monde 1970 n’a pas été à l’origine un défenseur… On a tendance à croire que les Guinéens cités se sont bien inspirés de cette transformation qui réussit à merveille à certains, et qui va faire changer Griezman en milieu de terrain à l’avenir, à moins que ce ne soit circonstanciel ?
Maintenant que la grande finale est perdue pour la bande à « Bonno de Regragui », il lui reste un dernier virage coriace à négocier pour ne pas avoir à le regretter de n’avoir pas brigué et décroché la troisième place pour cette occasion, puisque tous les jours ne sont pas dimanche. A défaut de sa mère, on se contente de sa marâtre.
Cette médaille de bronze vaut pour le continent autant que la médaille d’or, même si pour les Lions de l’Atlas elle est moins brillante. Pour l’orgueil, il ne faut pas jeter le manche après la cognée… et la Croatie ne va pas bouder cette troisième place. Ce qui revient à dire que la finale Maroc-Croatie entrevue par certains n’est qu’à deux marches plus basses. Elle vaut plus que la quatrième place.
Pour cela tous les problèmes liés à la récupération doivent être à l’ordre du jour (les techniciens ont le pain sur la planche).
Quant à la finale logique, la pression est dans les deux camps, plus pour Messi que nul autre, qui sait qu’il lui faut vaincre le signe indien pour soulever le trophée. Pour les observateurs, les deux équipes mises sur un trébuchet, le fléau se penchera légèrement vers le camp français, mais vu les Argentins ont eu 24 heures de répit et que le problème de récupération est primordial chez les Bleus, en plus des impondérables que seul le football sait en contenir, Messi pourra-t-il obtenir ce qui lui manque si cruellement pour compléter un palmarès inégalable et inégalé ?
Toute cette longue digression était pour faire comprendre aux Africains que rien n’est impossible. Ce que d’autres nations ont réussi, les pays africains pourront un jour le réussir, et que les Guinéens pourront faire autant que la Maroc.
Les handicaps des Africains, c’est la mauvaise gestion et de trop présumer de leurs capacités et aptitudes dans le maraboutage et dans l’irrationnel. A-t-on demandé des comptes aux marabouts et féticheurs du Sénégal qui ont travaillé et prié par vingtaine des jours et des nuits pour que Sadio Manè fût rétabli pour prendre cette coupe du Qatar ? Pourtant, les Lions de la Téranga étaient revenus plus vite que prévu au bercail.