Depuis plusieurs mois, les autorités de la transition guinéenne tentent de mettre en place un cadre de dialogue qui regroupe tous les acteurs sociopolitiques du pays. Mais l’initiative se heurte régulièrement au rejet de certains partis qui posent des conditions notamment le retour et la garantie de sécurité pour certains leaders. Face au raidissement des positions, la CEDEAO a proposé tout récemment que le cadre soit alors delocalisé. Mais contrairement à la transition de 2008 – 2010 où plusieurs acteurs majeurs se sont retouves à Ouagadougou ( Burkina Faso ) pour trouver un accord à la crise qui divisait, l’on estime cette fois-ci que la proposition de l’instance sous-régionale est inopportune. « Pour favoriser la participation des autres acteurs politiques au processus de dialogue engagé par le pouvoir public, les Chefs D’Etat membres de la CEDEAO estiment qu’il est nécessaire de délocaliser le dialogue. Mais moi je pense qu’il faut maintenant sortir de cette approche politique. Les Etats ou du moins les acteurs de la Guinée doivent maintenant apprendre à résoudre leurs différends politiques, sociaux et économiques autour des tables guinéennes, et non celles de l’extérieur. Puisque la situation qui est là, est purement une situation d’ordre interne, et les acteurs doivent s’accepter, trouver la force de se confronter au cours du dialogue afin de trouver un remède commun aux problèmes du pays. Parce que si véritablement, ils ambitionnent la même chose, qui est le développement la Guinée, alors par le dialogue , quel que soit le temps, ils finiront par s’entendre », soutient Ansoumane Condé, sociologue.
Par contre d’autres estiment que c’est une bonne idée de délocaliser le dialogue guinéen. «L’expérience prouve qu’il est facile de résoudre les crises politiques de Guinée ailleurs que dans le pays. Pour preuve, on peut retenir l’accord de Ouagadougou entre l’ancien Président de la junte Moussa Dadis Camara et le Général Sékouba Konaté, qui a été très bénéfique pour la stabilité du pays. Donc je pense que c’est une bonne option de délocaliser le dialogue politique cette fois – ci encore pour enfin combler le fossé qui sépare certains acteurs et la junte au pouvoir et pour faire participer tout le monde au dialogue », estime pour sa part Mohamed Cissé, enseignant .
Gassime Fofana