Alors que de nombreux défis se posent en matière de promotion de la lecture et de l’écriture en Guinée, des efforts se poursuivent pour redonner à la littérature ses lettres de noblesse. Dans cette interview, Kourtoume Guilavogui, cheffe comptable et directrice des ressources humaines à Innov Éditions Guinée et également déléguée adjointe du FILA-Z ( Festival international du livre et des auteurs N’zérékoré) insiste et reste convaincue que le livre reste la locomotive du développement social, culturel, éducatif des Etats. Lisez !
ledeclic.info : Quelle est, selon vous, la place de la littérature dans le développement d’un pays ?
Kourtoume Guilavogui : La littérature qui se définit comme étant un aspect de la communication (orale ou écrite), a pour but de contribuer à l’amélioration de la société ainsi que des individus qui la composent en développant le sens esthétique, l’esprit critique, la connaissance de soi. Elle vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire.
Elle a été et continue d’être l’une des plus grandes armes utilisées par le peuple pour dénoncer les manquements et les injustices subies.
De la lutte contre le colonialisme, le néocolonialisme, la monarchie ou la mauvaise gouvernance, elle a joué un rôle de premier plan quant à la dénonciation et l’éradication de ces pratiques ignobles.
De l’esprit des lois de Montesquieu, en passant par le contrat social de Rousseau, la littérature a établi les bases même du monde actuel, dans lequel nous vivons.
C’est dans ce cadre que vous organisez justement le festival du livre prévu ce mois de décembre à N’zérékoré. Quels sont les enjeux de cet évènement ?
Dans le but de promouvoir la paix et la cohésion sociale dans une région en proie aux conflits inter-communautaires, l’association Livre pour tous et les éditions Innov Organisent la première édition du Festival International du Livre et des Auteurs-N’Zérékoré dénommé (FILA-Z), un évènement littéraire et artistique qui se déroulera du 02 au 04 Décembre 2022 à N’zérékoré.
Réunissant plus de cinq (5) pays d’Afrique (Mali, Sénégal, Centrafrique, Gabon et la Cote d’Ivoire comme pays invité d’honneur), le FILA-Z se veut être un lévier à travers lequel le livre et la lecture serviront d’outils indispensables pour le maintien du tissu social longtemps fragilisé par les générations précédentes.
Au programme, plus de 50 auteurs nationaux et internationaux attendus et plusieurs activités prévues : panels, conférences-dédicace, table-ronde, concours inter –écoles, poésie, slam, expositions-vente, prestation artistique, marche pacifique pour la paix, plaidoyers, colloques, formations etc.
Placé sous la Présidence d’honneur du Premier Ministre de la République Dr Bernard Goumou, et sous le leadership de toutes les hautes autorités préfectorales notamment le Préfet, le Maire, le sous-préfet, le gouverneur etc., les ONG locales, et plus de 25 établissements scolaires mobilisés pour une bonne dynamique du festival.
Pour le moment, juste la région de N’zérékoré reste concernée par le projet et nous espérons y faire plusieurs autres éditions afin de vraiment imprégner les citoyens de cette localité du pouvoir du livre et de la lecture.
Mais nous restons certains qu’avec le temps et l’avancement des choses, nous pourrions élargir le projet dans les autres régions du pays.
Dans votre ambition de promouvoir le livre et la lecture à l’intérieur du pays notamment en Forêt, quelles sont les difficultés que vous rencontrez aujourd’hui et qu’est-ce que vous attendez du pouvoir public afin de mener à bien ce projet littéraire ?
Comme je l’ai signalé un peu plus haut, le festival est à sa première édition et nous n’avons pas eu assez d’accompagnements de l’Etat ni des institutions afin de mener à bien le projet et de réaliser toutes les activités prévues dans le programme initial. Les problèmes d’hébergement, de nourriture et de transport de nos invités nationaux et étrangers durant les six (6) jours du festival dans une contrée qui leur est inconnue, sont autant de facteurs qui handicapent nos ambitions.
Néanmoins nous gardons la foi et espérons avoir plus d’accompagnements de l’Etat, et des bailleurs de fonds pour les éditions futures. Car, au-delà de son côté littéraire et artistique, le FILA-Z s’inscrit d’emblée dans un programme humanitaire puisqu’il vise l’éveil des consciences de la population afin d’éradiquer les tensions inter ethniques dans la région de N’zérékoré en prônant la paix et la cohésion sociale.
Propos recueillis par Gassime Fofana
Très elle interview.
Félicitations.
Toutes mes félicitations un projet qui mérite un soutient