Guinée – Audit des comptes publics : pour quel intervalle de temps ?

Engagé à débarrasser la Guinée de ses entraves au développement, le Comité National du Rassemblement pour le Développement compte faire prochainement un audit des comptes publics. C’est le Président de la transition qui l’a annoncé dans son discours à la Nation à la veille de la célébration du 63ème anniversaire de l’accession du pays à l’indépendance. Alors s’il s’agit d’un audit pour une gouvernance financière, faut-il élargir l’opération au régime du Général Lansana Conté ? « Nous sommes aujourd’hui dans une situation particulière, qui se traduit par la refondation de notre État dans ses dimensions institutionnelle, sociale , économique et politique. C’est pourquoi,  à mon avis, s’il faut faire audit pour comprendre la situation financière et la gouvernance publique en Guinée, il faut s’en tenir aux années récentes, c’est-à-dire cette dernière décennie. Parce que c’est durant ces dernières années que la mal gouvernance et les dilapidations financières ont été les plus flagrantes et très palpables aux yeux de tous », estime l’économiste Mamadou Mouctar Baldé.

Par contre, pour le vice – président de l’association des jeunes intellectuels et sportifs pour le développement de l’éducation et la culture, si l’on veut mener l’opération à bon port et rendre justice de façon complète, il faudra que l’opération d’audit couvre les régimes Conté et Condé. « Aujourd’hui plus que jamais le peuple a besoin de comprendre qui a fait quoi dans ce pays pendant qu’il était aux affaires publiques. Pour cela, il ne faut pas censurer ou restreindre les actions de l’appareil judiciaire. Il faut qu’il soit pour tous. C’est-à-dire si le CNRD tient à faire l’audit des comptes publics, il doit remonter jusqu’aux anciens cadres et dirigeants de l’ancien Chef de l’État , Lansana Conté », indique Kerfalla Touré, avant d’ajouter : « dans ce cas, on saura que la volonté de faire la lumière sur la gestion des deniers publics ne vise pas uniquement les cadres d’un seul régime, puisque la gouvernance après le régime de Sékou Touré serait aussi caractérisée par des détournements de fonds publics, l’inégalité et l’injustice ».

Malgré toutes ses potentialités et ses contrats miniers, ses programmes et projets de développement de 1990 à nos jours, la Guinée reste toujours l’un des pays les plus pauvres de la planète, avec un niveau de vie en dessous de la moyenne. Une réalité que beaucoup imputent à la mal gouvernance qui fragilise le tissu social, développe l’impunité, la gabégie financière, la corruption, l’injustice et les détournements de biens publics.

Gassime Fofana

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