Dans la foulée de la crise algérienne du 13 mai 1958, l’ancien officier français, Général De Gaulle, entame plusieurs démarches notamment la mise en place d’une nouvelle constitution. Ce projet avait pour but de réunir les futurs pays indépendants africains dans une large communauté avec la métropole. Par conséquent, la réforme que lance De Gaulle pour ses colonies est inscrite dans le texte constitutionnel, qui, par la suite doit être soumis à référendum en septembre 1958 aux habitants des territoires coloniaux. En revanche, avant ce « vote historique », l’officier français avait effectué une série de déplacements en territoires africains afin de défendre l’intérêt qui s’attèle à cette constitution. Mais malheureusement, en Guinée, un pays sur lequel la France aurait placé son espoir pour cette nouvelle aventure, a massivement voté NON. « Il faut considérer le 28 septembre comme la date annonçant la désintégration du système colonial français. Historiquement, il faut remonter à 1944 avec la conférence de Brazzaville au cours de laquelle le Général De Gaulle avait promis, devant plusieurs représentants, de donner plus de liberté aux pays africains après la fin de la deuxième guerre mondiale. De cette date particulièrement jusque dans les années 50, il y a eu un certain changement au niveau des mentalités. Et également, il y a eu de nouvelles institutions qui ont été créées sur le continent. Tel a été le cas de la Guinée, par exemple », explique Mohamed Condé, secrétaire général au ministère de la communication. Poursuivant son intervention, le consultant indique : « la Guinée avait été considérée comme un modèle en Afrique occidentale française, parce qu’ayant des potentialités économiques ou minières. C’est dans cette optique, qu’ils ont lancé un certain nombre de projets, notamment ceux liés à l’enseignement, comme l’école qu’on appelle aujourd’hui 02 octobre. Donc il y a eu la construction de nouveaux établissements. Il y a eu également la construction des barrages de Kinkon et de Konkouré. C’était un espoir que la France fondait sur la Guinée à l’époque. Au même moment, il y avait une radio qui était installée à Dakar et qui avait un relais antenne à Conakry, que vous avez appelé Radio Banane. Ainsi, la France pensait que la Guinée aurait accepté, comme toute autre colonie, le régime continu avec la France, surtout qu’ils avaient créé ici le triangle bananier, c’est-à-dire le triangle Conakry, Forécariah et Mamou. Ce triangle était très très fonctionnel et fournissait les fruits à pratiquement toute l’Afrique de l’Ouest et à la Métropole. »
La France devrait savoir la position de la Guinée avant !
« Donc à partir de 1956 et 57, il y a eu beaucoup de remous à l’intérieur de la Guinée notamment avec la Loi cadre de Gaston Deffere, qui avait été faite en 1956, et qui, en 57, a permis au PDG d’avoir 60 députés à l’Assemblée nationale. Sékou Touré s’est retrouvé à la tête, maire de la ville de Conakry, et pratiquement la deuxième personnalité du comité qui était mis en place. Et de façon intelligente, cela aurait préparé un peu les mentalités françaises à accepter par exemple un » NON » guinéen. Parce que le RDA qui avait été créé en 1947, avait plus d’opposition. Il avait l’aile Gauche qui voulait dire NON. Il y avait au Mali avec Mamadi Konaté, au Sénégal avec Mamadi Dia, en Guinée avec Sékou Touré et bien d’autres colonies », rappelle M. Condé.
Pour lui, en 1958, quand De Gaulle devrait venir, la Guinée n’était pas dans le programme. « Mais je crois que c’est le gouverneur français qui l’a rassuré qu’il peut venir à Conakry. Et à Conakry, il se rend compte du fameux discours que vous avez entendu le 25 septembre 1958. En fait, Sekou Touré ne voulait pas couper avec la France. Il voulait toujours nouer des relations avec la France, mais dans un contexte nouveau, c’est-à-dire sous la forme égalitaire. En termes clairs, il voulait une nouvelle relation basée sur l’égalité. Mais avec le ton employé par Sékou Touré, De Gaulle a cru que c’était un défi. Et le 28 septembre 1958, on a voté » NON ».
Gassime Fofana