Ce mardi, le pouvoir législatif a adopté une loi portant création de 20 nouvelles communes sur toute l’étendue du territoire national. Face à cette décision, certains acteurs se demandent si toutes les conditions nécessaires à l’érection d’une localité en commune sont disponibles ?
Sous-préfecture de Kassa, sixième commune urbaine de la ville de Conakry et 19 communes rurales : Linsan, Tarambaly, Kawessi, Ballaya, Fodecariah-Balimana, Didi, Kodiaran, Badougoula, Bantoun, Dantilia, Fadou-Saba, Moribaya, Djélibakoro, Kourou, Tiewa, Bambaya, Djimbala, Kourémalé et Kouroukoro. Ces localités viennent d’être érigées en communes, suite à la décision de l’assemblée nationale guinéenne.
Défendant cette disposition, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Bouréma Condé, affirme :
« Dans certains villages en Haute Guinée, qui n’avaient que deux à trois maisons en tôles ont depuis longtemps des centaines de milliers de maisons. La démographie y est galopante, parce qu’il y a un flux migratoire pour la recherche de l’or. Cela est valable partout où il existe des ressources. L’Etat n’a pas tous les moyens de ses ambitions. Face à la situation, on a vu la détermination des ressortissants de ces collectivités. Dans toutes ces localités, l’Etat n’est jamais venu le premier pour décider de les ériger en sous-préfectures. Ce sont les citoyens qui ont serré la ceinture pour construire tout ce qu’il faut à une sous-préfecture notamment, la résidence du sous-préfet ainsi que celle de son adjoint, les bureaux et logements des services de sécurité, le poste de santé et le logement du personnel. »
Mais que pensent certains acteurs de cette décision parlementaire ?
Le vice – président de l’Association des jeunes intellectuels et sportifs pour le développement de l’éducation et la culture, AJISDEC, se montre très dubitatif et craint que toutes les conditions ne soient réunies pour la mise en œuvre d’une telle volonté politique. « Eriger une localité en commune rurale, urbaine ou en province dans d’autres cas, exigerait un certain nombre de critères qui sont à la fois économiques, sociaux, en termes démographiques mais aussi infrastructurels. Et si nous prenons certaines de ces localités érigées, on verra que plusieurs de ces critères et autres seraient quasiment absents, c’est-à-dire il se pourrait que ces localités n’auraient pas une population résidente d’au moins quatre ou cinq mille habitants par exemple, des infrastructures de base permettant d’accroître les échanges, une activité socioéconomique conséquente et suffisante pour pouvoir disposer de ressources essentielles qui permettent de booster leur budget ou au moins faire l’équilibre budgétaire de la localité », indique Kerfalla Touré avant d’ajouter : « c’est pourquoi il faut plus de précaution et de responsabilité avant d’ériger une localité en commune, même si la demande venait des citoyens de cette localité car, l’Etat est un instrument de responsabilité. »
Gassime Fofana