Si la journée du 18 octobre 2020 ( jour de l’élection présidentielle en Guinée) a été un franc succès, le lendemain du scrutin et les jours qui ont suivi n’ont pas été de tout repos. De la capitale à des villes de l’intérieur du pays, des scènes de violences, de pillages, des cas de morts et de blessés sont enregistrés dans la foulée de l’auto proclamation du candidat de l’UFDG et de la publication des résultats provisoires par la CENI.
En conférence de presse ce vendredi, El hadj Cellou Dalein Diallo a déclaré qu’il a été interpellé par ses alliés réunis au sein de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) pour suspendre les manifestations de rue, mais de reprendre après le mardi 03 novembre. Et pendant ce temps, le Président sortant et alliés savourent « sereinement leur victoire provisoire » en attendant la décision de la Cour constitutionnelle relative aux contentieux électoraux.
Ainsi, plusieurs acteurs s’inquiètent et appellent les institutions et les candidats au sens du devoir patriotique envers le pays. « D’abord à court et à moyen termes, les acteurs politiques ainsi que les citoyens doivent savoir que la Guinée est et doit demeurer au-dessus de tout. On se doit de la mettre devant toutes nos ambitions. En plus, la résolution de cette crise électorale repose sur la responsabilité de la Cour constitutionnelle. L’institution doit nous sortir des résultats définitifs crédibles . Pour cela, elle doit examiner minutieusement la crédibilité des résultats provisoires donnés par la Ceni et ceux donnés par chaque parti politique. Parce que cette décision de la Cour constitutionnelle est extrêmement capitale pour apaiser les tensions dans le pays », explique Ansoumane Condé. Pour ce sociologue, « nos problèmes d’aujourd’hui sont liés à un mode de gouvernance pour laquelle nous avons opté depuis 1990 sans pour autant en accepter les principes ni créer les conditions. L’alternance du pouvoir politique est l’un des principes de la démocratie. Aujourd’hui, pour faire respecter ce principe, il faut la séparation effective des pouvoirs et rendre complètement indépendantes les institutions. Parce que si on analyse bien la situation, la plupart des contentieux sont dus au fait que beaucoup ne font pas confiance à la décision de nos institutions et d’autres estiment qu’elles sont à la solde du pouvoir en place. C’est pourquoi, il faut les rendre davantage effectivement neutres et indépendantes de l’Exécutif. »
Gassime Fofana