Très décisive dans le processus démocratique, la campagne électorale est une période durant laquelle les leaders politiques notamment les candidats retenus à des élections communales, législatives et présidentielles utilisent des stratégies pour conquérir davantage de voix afin d’accéder au pouvoir.
Ainsi, communication sociale, partage d’argent en masse, recherche de la confiance du peuple en se rapprochant de lui ou de nombreuses promesses lancées à tout va. Ce sont entre autres démarches qui constituent un tremplin pour certains candidats. Aussi ces campagnes ont souvent tendance à influencer le choix de certains électeurs, qui selon plusieurs acteurs, se laissent emporter par des mots doux et non par le contenu des programmes politiques proposés. « La campagne électorale est une stratégie universelle, qui permet à chaque candidat de faire lumière sur son programme de développement, ses ambitions politiques, économiques et sociales. Mais le plus souvent dans nos sociétés, plusieurs électeurs tiennent plus à un candidat qu’à son projet de société. Et pourtant, ces périodes de campagne sont des moments de séduction et de bonté pour les candidats, dont la plupart sont loin du peuple. Donc l’impact ne peut être que le mauvais choix. Parce que si on prend notre société, à moitié pauvre et analphabète, si un candidat en campagne vient vers celle-ci avec des vivres, de l’argent ou de beaux mots, il serait facile qu’elle tombe dans ses pièges électoraux », explique Ansoumane Condé, sociologue.
Un point de vue différent de celui de Mohamed Condé, professeur d’université et consultant qui estime que la campagne est un élément incontournable du processus électoral. « D’abord la campagne c’est une question universelle. Pourquoi ? Parce que dans tous les régimes démocratiques, les élections sont présidées par des campagnes. Il revient ensuite à chaque structure ou organisation qui fait campagne ou au candidat de définir ce qu’il veut faire. Parce que le conflit est entre les programmes et non entre les individus et l’Etat. Donc s’il y a impact, cela dépend de la stratégie adoptée par les candidats. Si les candidats se donnent pour objectif de sensibiliser simplement, mais ils n’auront que la sensibilisation. S’ils veulent informer, faire agir, tout dépend des objectifs de communication qu’ils se donnent. La mesure de l’impact est un travail technique. Les gens ont très souvent la culture de la démocratie occidentale, c’est-à-dire celui qui n’est pas alphabétisé ne peut pas comprendre les enjeux et le mécanisme de la démocratie occidentale. Mais vous oubliez qu’il y avait une démocratie antérieure. Les sociétés africaines avaient leur propre forme de démocratie. C’est la forme qui change mais le fondement reste le même, c’est-à-dire le point de vue de la majorité », précise M. Condé.
Gassime Fofana