Mamady Kaba à la tête d’une nouvelle structure : « nous allons travailler sur les droits civils et politiques »

Mamady Kaba, homme de droit et ancien président de l’Institution nationale indépendante des droits humains (INIDH), est désormais à la tête d’une autre organisation. Avec lui, nous avons abordé plusieurs questions liées au respect des droits humains en Guinée et en Afrique. A bâtons rompus.  

Bonsoir Monsieur Kaba!
Bonsoir!

C’est quoi exactement votre organisation et quels sont les axes sur lesquels elle s’appuie ?

C’est la Ligue des Droits et de la Démocratie en Afrique, en abrégé LIDDA. C’est un réseau qui s’appuie sur le respect des droits de l’Homme. Elle ne va rien inventer, mais va seulement mettre de nouveaux moyens de lutte, de nouvelles stratégies afin de promouvoir les droit humains en Guinée et en Afrique de l’Ouest : les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels et les droits de la 3e génération. Nous allons promouvoir ces droits comme toutes les organisations de défense des droits humains. Ce qui va différencier, ce sont les moyens que nous allons utiliser pour parvenir à des résultats meilleurs pour toute la sous-région.

D’où est venue l’idée de la création de cette organisation ?

L’idée est venue de l’expérience selon laquelle la communauté de destin est une réalité en Afrique de l’Ouest. La dynamique des peuples s’influence mutuellement. Les peuples de Côte d’Ivoire influencent les peuples de Guinée et les peuples du Mali influencent les peuples en Sierra Leone, etc. Donc ça fait que nous avons dit probablement s’il yavait une dynamique sous-régionale, les acquis s’obtiendraient à travers des réseaux sous-régionaux, des peuples évolueraient plus ou moins ensemble, c’est sûr que les acquis que nous allons obtenir seront des acquis définitifs. Parce que tous les pays seront à peu près au même niveau d’évolution. Et nous travaillons donc à créer cette synergie sous-régionale afin que les acquis démocratiques puissent évoluer de manière irréversible. Nous souhaitons aussi intégrer plusieurs dynamiques telles que les valeurs traditionnelles, ancestrales. Nous avons beaucoup de valeurs traditionnelles, beaucoup d’outils qui favorisent le vivre ensemble. Malheureusement ces outils-là sont abandonnés, ignorés au profit de nouveaux outils qui ne sont pas parfois compatibles avec nos coutumes, nos us voire nos traditions. Donc nous voulons faire ressortir, nous voulons déterrer ces valeurs oubliées, et les mettre au service de la démocratie dans l’espace CEDEAO.

Alors Monsieur Kaba, comment vous êtes parvenu à être à la tête de cette organisation ?
L’idée a émergé de mes propres expériences. Des amis, des activistes des droits de l’Homme à travers l’Afrique, ont adhéré à l’idée et nous sommes parvenus à la conclusion que c’est une bonne idée. Elle vaut la peine d’être essayée. Nous allons l’expérimenter et avec le concours de tout le monde surtout les acteurs de la démocratie. Cela afin que cette nouvelle expérience puisse engager la sous-région dans une dynamique qui favorise l’émergence et la démocratie.

Vous venez à un moment où la question des droits humains cristallise les débats. Avec votre organisation dites-nous aujourd’hui, à quoi peut-on s’attendre ?

En Guinée, particulièrement, la réalité nous est imposée par le terrain. Nous allons travailler sur les droits civils et politiques surtout en cette période électorale. Nous partons vers une élection à haut risque. Vous voyez en Afrique les élections sont parfois émaillées de violences. Ça c’est une donnée qui est générale à l’Afrique. Ce qui est particulier en Guinée, c’est qu’en plus de cette généralité, les conséquences du double scrutin du 22 mars se font ressentir. En plus des dégâts matériels, le tissu social a été fortement ébranlé. Nous sommes entrain d’aller vers une élection présidentielle sans transiter par le dialogue pour apaiser les esprits. Mais l’espoir n’est pas perdu, nous devons chacun de nous, jouer notre partition afin que ce dont nous avons peur n’arrive pas. Que la paix règne avant, pendant et après ces élections. Et je pense que nous pouvons nous y employer. Nous lançons un appel à tous les acteurs de la vie nationale, particulièrement ceux qui sont dans la course pour la présidentielle de tout mettre en oeuvre pour que leurs discours s’orientent vers la consolidation de la paix, au lieu que ces discours suscitent la haine, le rejet de l’autre et la violence. Je pense que cela relève de la responsabilité de tous les partis politiques de tous bords. Que les liens familiaux ne puissent pas être détruits, des liens que nous avons toujours entretenus. Parce qu’après les élections, ces familles vont rester toujours ensemble.

Merci Monsieur Kaba!

C’est moi qui vous remercie.

Propos recueillis par Aliou Diallo

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