Moralisation des examens nationaux : l’autre défi raté par les autorités

Les fraudes aux examens scolaires sont devenues l’un des moyens utilisés par certains candidats pour passer en classe supérieure et un tremplin pour d’autres responsables d’écoles, encadreurs ou proches pour faire plus de résultats dans leurs écoles. Pour cette année encore et très malheureusement, les évaluations nationales et particulièrement le bac unique ont enregistré des cas de fraudes de différentes natures. Usage d’appareils téléphoniques, cotisation entre 5000 et 10.000gnf par candidat pour acheter la vigilance du surveillant ou création de groupes Watshap ou Facebook pour faire passer les traités de sujets. Les procédés n’ont pas manqué pour « tricher ». Cette triste réalité intervient alors que beaucoup s’attendaient à un changement conséquent et à une rigueur extrême dans le système éducatif surtout dans la gestion des examens nationaux.
Mais pourquoi tant de penchant pour les fraudes et comment les limiter pour redorer le blason du système éducatif guinéen ?

« L’examen national n’est que la finalité d’un processus. Donc les problèmes qui se passent comme les fraudes ne sont que les résultats d’une année scolaire mal enseignée ou mal gérée. C’est-à-dire, les apprenants n’ont pas reçu une formation et une préparation conséquentes tant sur le plan pédagogique que social leur permettant d’affronter l’ examen sans tricher. En plus, la forme de notre enseignement ne peut pas permettre à de nombreux apprenants d’être responsables et préparés à une carrière d’élite. Dans la plupart des cas, nos approches pour enseigner les a réduits à de simples consommateurs. Ce qui fait que durant tout le parcours scolaire, certains apprenants ne peuvent pas se passer de la tricherie. Parce qu’ils ne sont pas préparés à rechercher, à participer activement aux leçons », analyse Ansoumane Condé. Pour ce sociologue, la lutte contre les fraudes et autres formes de tricheries lors des examens nationaux passe par plusieurs actions. « Certes, dans tous les pays, il y a fraude ou tentative de fraude. Mais quand c’est généralisé, là ça devient un phénomène dans lequel plusieurs candidats, encadreurs ou parents sont impliqués. La lutte contre les fraudes massives nuisibles à l’émergence de notre système éducatif passe donc par une prise de conscience car, ce n’est pas une meilleure manifestation sociale d’aider une personne dans l’illégalité. En plus, il faut changer de pédagogie d’enseignement et adopter une méthode participative qui peut habituer les apprenants à la production, à l’analyse, à la recherche et à la responsabilité socio-intellectuelle. Pour cela, il faut commencer par la base, c’est à dire à la maternelle et à l’école primaire. Sinon, enfin de compte on aura des diplômés, qui, seuls sur le marché du travail, ne peuvent pas s’imposer. Par ailleurs, je pense qu’il faut, outre la saisie des téléphones ou le renvoi des surveillants, sévir par la loi contre ceux qui entretiennent ou s’adonnent à ces pratiques. »

Gassime Fofana

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