Malgré les efforts du gouvernement, le secteur agricole guinéen tourne au rythme de la pandémie de covid-19. Dans cette interview accordée à votre quotidien en ligne, Oumar DIALLO, chef section promotion agricole à la direction préfectorale de l’agriculture de Mamou, par ailleurs directeur préfectoral de l’agriculture par intérim, décrit l’importance de l’agriculture dans le développement avant de plaider pour la cause des agriculteurs de sa préfecture.
Quelle est place de l’agriculture dans le développement des collectivités locales ?
Pour les collectivités locales, le secteur agricole occupe une place de choix. La préfecture de Mamou est l’une des 33 préfectures de la Guinée. Cette préfecture est essentiellement à vocation agro-pastorale. Au moins 80 à 85% de sa population vivent de l’agriculture et de l’élevage. Nous avons des systèmes de production qui sont principalement basés sur les vivriers, les maraîchages et les fruitiers. D’abord, la culture vivrière comporte le riz, le maïs, le fonio, le manioc, la patate, l’arachide, entre autres. Ensuite, le maraîchage comprend la tomate, le piment, l’aubergine, la pomme de terre. Enfin, vient la culture fruitière qui englobe tous les agrumes (orangers, citronniers, bananiers, manguiers, palmiers, …). Donc si toutes ces potentialités sont exploitées à bon escient, cela contribuera à améliorer les conditions de vie des citoyens et au développement de la région.
Quelles sont les problèmes auxquels le secteur agricole est confronté ce jour à Mamou ?
Les difficultés sont multiples et variées. Les zones de production se trouvent dans les endroits les plus reculés de la préfecture. Ces zones sont composées de plaines ou de bas-fonds. Conséquences, nous assistons à l’enclavement sans précédent de certaines zones de production. Il y a aussi un manque accru d’aménagement d’espaces agricoles. Même si les espaces sont visibles partout dans cette préfecture, il y a ce problème d’irrigation qui empêche les producteurs d’accroître leurs rendements. Il y a également la pollution due aux insectes et des maladies, ennemis des cultures. Ces derniers temps, les chenilles légionnaires ont beaucoup affecté la culture de maïs dans la région de Mamou. Les agriculteurs n’ont pas pu sauver les champs, qui ont été dévastés.
Quelles sont ici les efforts qui ont été engagés pour redynamiser le secteur agricole ?
Au début de l’année 2020, la Guinée, à l’instar des pays du monde entier, a été frappée par la pandémie de coronavirus. Cette pandémie a négativement affecté la production agricole. C’est ainsi que le gouvernement guinéen a pris des mesures afin de venir en appui aux agriculteurs qui ont été durement impactés par la covid-19. Raison pour laquelle, nous avons reçu des missions de diagnostics venues du Ministère de l’agriculture. A l’issue du travail réalisé sur le terrain, nous avons pu remonter les informations. Ces informations nous ont permis d’avoir à ce jour un certain nombre d’appuis du gouvernement notamment en semences, en engrais et en herbicides.
Est-ce que les associations paysannes bénéficient de la subvention des autorités pour booster le secteur ?
Indirectement on peut dire oui. Depuis 2011, l’Etat est entrain de subventionner les intrants agricoles notamment les engrais. Cela a positivent impacté le rendement chez les producteurs. Ici on a 23 unions de producteurs agricoles (organisations professionnelles) et 337 groupements agricoles. Même s’il n’y a pas un budget destiné aux agriculteurs, il y a des micros finances, comme le Crédit rural, qui octroient des prêts aux producteurs.
Quel message avez-vous à l’endroit des autorités pour aider les agriculteurs à boucler la campagne agricole malgré la pandémie de covid-19 ?
L’agriculture nourrit son homme. A Mamou, l’essentiel de la vie, c’est l’agriculture. En dépit des efforts de l’Etat, beaucoup reste encore à faire. Je demande au gouvernement et à toutes les bonnes volontés de concentrer davantage d’efforts sur le secteur agricole. Pour cette année, beaucoup d’agriculteurs n’ont pas pu entamer la campagne. Donc, ils n’ont rien mis dans les poches. L’Etat peut soulager ces populations en leur distribuant plus d’intrants agricoles.
Interview réalisée par Mamadou Kindy Mamou Bah