Il est connu en Guinée pour y avoir remporté un combat de boxe et pour ses nombreuses œuvres caritatives. Loin des rings, Lansana Béa Diallo garde encore ses gants mais cette fois pour combattre la pauvreté et « mettre K.O tout ce qui peut entraver le développement du continent africain et de la Guinée, en particulier. » Dans les lignes qui suivent, celui dont les prises de position sont sans équivoque, revient sur son parcours, ses motivations ainsi que sur son rêve pour la jeunesse africaine. A coeur ouvert.
Bonjour Monsieur Béa Diallo!
Bonjour
Que peut-on retenir de votre origine et de vote parcours ?
Je suis né le 7 Juillet 1971 à Monrovia, capital du Liberia. A l’époque, la Guinée est présidée par Sékou Touré. La première marque du destin : le jour de ma naissance coïncida avec la visite du Premier ministre Lansana Beavogui. Le dirigeant politique y voit un signe et insiste pour être mon parrain. Ainsi, dès l’enfance, mon destin du jeune Diallo fut associé à deux grands hommes qui marquèrent l’histoire de l’indépendance de la Guinée.
« Si tu peux le rêver, tu dois le réaliser… ». Cette devise, de mon mentor (l’un des grands patrons du marketing et de la communication européenne : Jacques Lierneux), a eu un impact dans mon parcours professionnel. On peut retenir de mon parcours : Chef d’entreprise, Champion de Boxe, Député régional,
Premier échevin à la commune d’Ixelles.
Aujourd’hui vous êtes aussi Belge de nationalité. Comment vous trouvez ce pays qui est votre pays d’accueil ?
La Belgique est un pays de compromis avec plusieurs langues. La synthèse de ces différentes langues se résume à Bruxelles qui est aussi la capitale de l’Europe.
La Belgique est composée de 3 régions et 3 communautés. Ceci fait de la Belgique un pays assez particulier ; mais grâce à cette particularité, la Belgique arrive à survivre à n’importe quelle crise politique. À titre d’exemple, nous pouvons citer la crise de 542 jours sans gouvernement fédéral.
Il y a une forte communauté guinéenne en Belgique. La Belgique est un pays avec une dimension multiculture et nous avons plus de 180 nationalités à Ixelles.
La question du développement de l’Afrique est au centre de plusieurs débats. Dites quel avenir préconisez-vous pour ce continent?
Je préconise de mettre en place des dynamiques qui permettront, d’une part, de valoriser les formations professionnelles, techniques et l’auto entrepreneuriat à travers le développement agricole pour répondre aux attentes d’un continent en pleine mutation.
D’autre part, nous devons encourager la mise en place d’une dynamique qui permette plus d’exportation de nos produits locaux. Ceci permettra de diminuer l’importation des produits disponibles sur place. Tant que nous ne deviendrons pas des champions d’exportation de nos produits locaux, il est difficile d’envisager un développement en Afrique
Nous voyons des jeunes africains quitter le continent par milliers. Delon vous quelle est la cause réelle de ce fait?
Partout dans le monde on dit que l’Afrique est l’avenir. Le paradoxe est que tous les jeunes du continent n’ont pas de perspectives d’avenir. Cette situation pousse les jeunes à prendre d’énormes risques en traversant la mer Méditerranée pour se rendre en Europe qui est considérée comme l’Eldorado.
Je pense aussi qu’un lien peut être établi entre la cause réelle de cette migration des jeunes et le développement économique local. Il est important de mettre en place des outils de formation qui permettront aux jeunes d’accéder à la stratégie de développement économique.
Vous avez été l’un des acteurs clés de lutte contre le racisme en Europe en général et en Belgique de façon particulière. Dites-nous quelle analyse faites-vous de cette réalité aujourd’hui ?
Le racisme est devenu un vrai fléau en Europe, et en Belgique en particulier. Cette triste réalité s’explique par la montée en force des extrémistes et la stratégie politique qui consiste à stigmatiser l’étranger. Lors d’une crise économique et/ou politique, on fait croire à ceux qui sont dans la précarité que ce sont les étrangers qui prennent leurs emplois…
Un vrai travail doit être effectué tant au niveau du continent africain qu’européen afin d’encourager les jeunes à se stabiliser chez eux.
Votre métier, la boxe, vous a permis d’aider beaucoup d’autres jeunes à se surpasser. Qu’est-ce qui vous a toujours motivé ?
A travers la boxe, je veux montrer aux jeunes que rien n’est impossible. Si un jeune veut réussir, il a les clés qui lui permettront d’atteindre ses objectifs. Mon parcours de boxeur m’a permis de réaliser mes rêves les plus fous.
Votre pays d’origine, la Guinée, est dans une crise politique constante. Quelle est votre perception de cette situation ?
Tous les leaders guinéens sont moralement responsables devant le peuple. Les intérêts particuliers ne peuvent continuer à primer sur la vie de nos concitoyens. Tout le monde doit regagner la raison et se mettre autour de la table pour résoudre pacifiquement ce conflit. J’appelle donc toutes les parties de bonne volonté et qui veulent le bien des Guinéens et des Guinéennes à mettre fin aux violences et à préparer des élections présidentielles libres et transparentes.
Après le décès de votre papa, vous avez fait une sortie, dénonçant les défaillances sanitaires dans le pays. Avez-vous eu une amertume due au manquement du personnel de santé guinéen ?
A travers mon message, j’ai voulu dénoncer le manque d’investissement et de priorisation du gouvernement dans le domaine de la santé. Vous pouvez être le meilleur médecin du monde mais sans matériel, équipement et moyens financiers, vous ne pourrez jamais diagnostiquer d’une manière précise. A titre d’exemple, je dénonce le fait de financer l’achat de 150 voitures (4×4) pendant qu’on manque des respirateurs dans nos hôpitaux.
Pour terminer, quel est votre avenir politique en Guinée ?
Le seul avenir dont je rêve est celui de voir nos jeunes rester sur le continent pour travailler, étudier, se former et venir en Europe en vacances comme les Occidentaux viennent en Afrique pour leurs vacances.
Propos recueillis par Aliou Diallo