Sérénité, optimisme, détermination et rigueur dans le travail. Voilà tant de caractères qu’on peut déceler chez Ibrahima Diané. Handicapé de son état, c’est un homme battant qu’on a trouvé dans son atelier de couture, doublé d’une cordonnerie. Du haut de ses 54 ans, Ibrahima a déjà huit enfants et plusieurs jeunes qui travaillent à son compte. Il est aujourd’hui président d’une ONG pour la défense des droits des personnes porteuses de handicap. « Moi je ne perçois pas le handicap physique comme un obstacle. Si avant c’était la perception de plusieurs personnes, aujourd’hui c’est un atout pour nous qui sommes dans cet état. Le handicap n’est pas aussi égal à la mendicité. Je remercie Dieu parce que depuis ma naissance jusque maintenant, je n’ai pas fait la mendicité et je ne suis pas mendiant. Donc il faut que les gens enlèvent cela dans leurs têtes », soutient Ibrahima Diané d’entrée.
Pour savoir dans quel état d’esprit il se trouve, la réponse ne tarde pas. Assis sur ses pieds qu’il peine à bouger, il dit être très joyeux, avec un moral d’acier. « Monsieur, je suis très bien portant et j’ai mon moral au beau fixe. Je ne compte pas du tout lâcher prise », promet-il.
Dans son petit atelier, l’on trouve divers objets. Des chaussures en cuir, des chemises en pagne africain, des sacs traditionnels. Tous ces objets, qui font la convoitise, sont fabriqués grâce à l’habileté d’un homme qui n’a pas l’usage de ses pieds. « Je suis là avec ma femme et certains apprentis. Je fais ce que je peux. Tout cela c’est pour ne pas tendre la main à quelqu’un d’autre », poursuit-il.
A droite de l’atelier, nous avons rencontré, M’mah Camara, l’épouse de Ibrahima. Elle est infirme comme son mari. Mais malgré ce handicap, elle pratique la couture et fait ses petites innovations auprès de son homme qu’elle a choisi, nous dit-elle. « J’ai choisi monsieur Diané, c’est parce que j’ai vu en lui le sérieux, le courage et l’envie de faire comme des personnes qui ont tous les membres fonctionnels. Depuis que je suis avec lui et il n’ya aucun problème ».
La mauvaise perception de nombreuses personnes vis-à-vis des personnes porteuses de handicap est aussi dénoncée par ce couple qui vit déjà grâce au fruit de leur dur labeur. « Ce que je regrette aujourd’hui, c’est le fait que les gens pensent que toute personne infirme est mendiante. Cette situation est complément désastreuse pour moi. Même dans les ministères nous sommes mal vus quand nous partons pour certains dossiers nous concernant », s’indigne M. Diané. Et sur la même question, M’mah Camara enfonce le clou. « Ceux qui le pensent ne savent pas ce que Dieu a dit. Nous sommes tous égaux et nous ne devons pas être marginalisés », conclut-elle.
Aliou Diallo