Les Casques bleus : missions, moyens, limites, abus…

 

Depuis 2003, chaque 29 mai célèbre la « Journée internationale des Casques bleus des Nations unies ». Une armée vieille de 69 ans dont la fonction reste pourtant floue. 

Organisé autour du thème Investir dans la paix à travers le monde, un hommage est rendu à la Force de maintien de la paix de l’ONU, les Casques bleus, chaque année le 29 mai. Une date qui fait directement référence au premier déploiement de forces internationales par l’organisation le 29 mai 1948, afin de surveiller la trêve entre l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Syrie et les territoires palestiniens. Une opération vieille de 69 ans, mais toujours en cours.

Ils sont actuellement 113 000 arborant la couleur bleue des Nations unies déployés dans seize missions sur quatre continents. Casques bleus, agents de police des Nations unies ou membres du personnel civil, leur mission est de maintenir ou rétablir la paix au nom de l’organisation internationale. Mais chaque année, défendre la paix a un prix : plus de 3 500 soldats de l’ONU ont trouvé la mort pendant leur mission depuis 1948, dont 117 l’année dernière, et déjà douze en 2017.

Les zones orange et rouge dans lesquelles sont mobilisés les Casques bleus sont souvent les plus difficiles à gérer d’un point de vue politique et militaire. « Faisant face à une demande croissante pour des opérations de paix toujours plus complexes, le dispositif (contingents militaires, financements, etc.) est mis à rude épreuve », explique Béligh Nabli, directeur de recherche à l’IRIS, interrogé par L’Orient-Le Jour. Le nombre de soldats déployés aujourd’hui par l’ONU est proche du record historique, un chiffre révélateur de la réalité instable de la scène internationale et du défi que représente la paix. Plus d’un million de femmes et d’hommes ont déjà servi le combat des Nations unies depuis l’autorisation du Conseil de sécurité en 1948 de déployer les premiers observateurs militaires de l’ONU en vue de contrôler l’application de l’accord d’armistice conclu au terme de la première guerre israélo-arabe.

Échecs ou succès, les Casques bleus sont sujets aux critiques comme en ex-Yougoslavie lors du massacre de Srebrenica en 1995 où 400 d’entre eux n’ont pas pu protéger les habitants d’une ville déclarée « zone de sécurité » par l’ONU. « L’efficacité de leur action sur le terrain est souvent mise en cause, particulièrement en Afrique », rappelle Béligh Nabli. « Trop passifs, les Casques bleus s’abstiennent d’intervenir, y compris lorsque la vie de civils est en danger », ajoute-t-il. Les conclusions d’un rapport daté de 1999 sur les actions de l’ONU pendant le génocide du Rwanda mettent en lumière la responsabilité de « plusieurs acteurs, en particulier le secrétaire général, le secrétariat, le Conseil de sécurité, la Minuar et les États membres de l’organisation ».

Une armée multicolore

Abus sexuels

La légitimité d’une opération dépend des efforts d’adaptation dont font preuve les mandats et les soldats des Nations unies, mais aussi du sentiment de confiance alloué par les populations civiles aux Casques bleus. « Les principes de consentement et de proximité des populations locales sont essentiels dans la réussite des opérations », souligne Béligh Nabli. Si l’image des forces de l’ONU s’est vu entachée après la révélation de scandales liés à des abus sexuels ou des pratiques d’exploitation, le manque de transparence et de fermeté dont l’organisation a fait preuve a contribué à la ternir un peu plus. C’est pourquoi Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies depuis le 1er janvier, a déclaré faire « de l’éradication du fléau de l’exploitation et des atteintes sexuelles commises par des membres du personnel de l’ONU, notamment par des éléments de la force internationale, l’une de mes priorités absolues », dans un message publié à l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus.

Avec L’orient Le jour

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