Très attendu partout et par tous, le plan d’urgence économique de riposte contre la pandémie de Covid-19 est rendu public par le gouvernement. Ce plan vise à accompagner le peuple ainsi que plusieurs entreprises privées et publiques en cette période de crise sanitaire. Par contre, quelques observateurs estiment que ce plan sera « sans effet » sur la vie des citoyens.
Ce sont au total trente (30) mesures qui ont été prises par le gouvernement guinéen pour accompagner la population en ce moment de pandémie. Il s’agit notamment de la gratuité de l’eau, de l’électricité et des transports publics sur trois mois, du blocage des loyers des bâtiments publics et privés jusqu’en décembre 2020.
Si ces annonces sont accueillies avec satisfaction par une frange importante des citoyens, certains économistes estiment par contre que ce plan n’est pas un programme économique qui permet de soutenir le peuple pendant cette crise. « La Guinée a une structure économique qui ne permet pas à tous de bénéficier des retombées économiques du pays. L’unique secteur qui peut aujourd’hui influer sur la vie des ménages dans notre pays est le secteur pétrolier. En baissant le prix du litre à la pompe, on développe le transport, qui est le vecteur des activités socioéconomiques. Mais plus le transport est cher, plus la vie des citoyens sera difficile parce qu’ils feront face à un marché de plus en plus coûteux, tel que ça se passe aujourd’hui dans le pays », rappelle Mamadou Mouctar Baldé.
Analysant les répercussions éventuelles de ce plan d’urgence économique de riposte contre la pandémie de Covid-19 en Guinée, l’économiste explique que « c’est un plan sans effet sur les conditions de vie des pauvres citoyens. En Guinée, l’accès à l’énergie est encore faible, en particulier en milieu rural. On peut estimer qu’un ménage sur 3 a accès à l’électricité sans oublier l’eau potable. Les disparités entre urbains et ruraux sont trop prononcées. Le ménage guinéen n’utilise pas pratiquement l’énergie du fait qu’il a un revenu en dessous de la moyenne. En plus, techniquement, on n’a pas trois mois de frais gratuit , puisqu’on paie l’électricité une fois par deux mois. Et les bus qui sont rendus gratuits ne peuvent pas couvrir les besoins à cause de leur nombre insuffisant. Par contre lorsque l’État fait une réduction importante sur le prix du litre à la pompe, le ménage sera soulagé parce que le transport qui est la colonne vertébrale de l’économie sera facilité ».
Gassime Fofana