Covid-19 en Guinée : un spécialiste trouve des failles dans le budget annoncé

D’abord 121 et quelques puis 300 milliards de francs guinéens. Les autorités guinéennes cherchent à mobiliser ce fonds pour faire face à la propagation du Coronavirus en Guinée. Un montant qui suscite des interrogations en dépit de l’urgence de la situation. Beaucoup se demandent, en effet, sur quelle base les autorités sont parvenues à ces 300 milliards. Le décalage profond entre les premier et le deuxième chiffre prouve, selon les spécialistes, que les autorités n’ont pas suivi les principes d’élaboration d’un budget et que cela peut susciter des doutes dans la gestion. « Un budget, précise Dr Alhassane Makanéra Kaké, ne doit pas être le résultat d’un forfait. Il faut qu’on sache ce à quoi les 300 milliards serviront. Par exemple on a besoin de combien de lits, de quelles quantités d’équipements et de produits ? Etc. Ce montant forme ainsi un budget qui est réel et transparent. Ce n’est donc pas le capital financier qui doit sortir mais plutôt il faut évaluer les besoins en quantités et puis chercher ensuite les fonds pour couvrir ces besoins. Mais quand on dit seulement en vrac qu’on a besoin de 300 milliards, ça pose problème parce que si on ne connait pas la ventilation de ce chiffre, l’argent risque d’aller là où ça ne devrait pas aller. Cette évaluation permettra également d’éviter que le montant demandé soit inférieur ou supérieur aux besoins », explique-t-il.
Par ailleurs, demander aux partenaires de contribuer pour obtenir les 300 milliards pourrait, selon l’enseignant-chercheur, pousser à se poser des questions concernant la sécurité des réservations de crédits du pays pour d’éventuelles crises.
« Dans la loi organique relative à la Finance en Guinée, il y a un article qui dit que l’État doit faire des réservations de crédits qui devraient être gérées par le ministre des Finances pour des risques ou des calamités naturelles qu’on pourrait connaître. Cela évite de chercher l’argent ailleurs. C’est une prévision annuelle. Normalement, ce montant devrait exister parce que c’est prévu. Mais quand j’apprends qu’on cherche l’argent pour des crises, en ma qualité de spécialité en Finance, je reste dubitatif « , soutient-il.
En attendant, la Guinée poursuit ses efforts pour l’obtention des fonds nécessaires à la lutte contre le Coronavirus. Mais elle doit avant tout faire des choix.  » Dans la coopération entre les États et les partenaires, il y a deux possibilités d’assistance. Une aide non remboursable qui a peu d’impacts négatifs et une aide remboursable. Ce dernier cas pourrait affecter considérablement l’économie dans l’avenir, car on ne prendra que ce qu’on nous donne sans trop réfléchir aux causes qui conduisent à ce genre d’aide « , conclut Dr Kaké. 

Gassime Fofana

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