On le dit souvent dans un langage qui frise la tyrannie : celui qui n’est pas avec moi est contre mes intérêts. Mais dans l’univers de la démocratie, on se soulage en acceptant que chacun soit libre de choisir. C’en est ainsi de l’annonce puis de la mise à exécution de la grève lancée par Aboubacar Soumah, porté par la classe enseignante dans sa frange importante. Alors que le système s’apprête à vivre l’ébullition qui lui est désormais – hélas – habituelle, c’est Oumar Tounkara, secrétaire général adjoint du Slecg qui estime que la grève est inopportune. Cette différence de position entraîne aujourd’hui une cacophonie et le début sans doute d’un »conflit » au sommet du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée. Pour preuve, au terme d’une réunion hier mercredi, Aboubacar Soumah et ceux qui partagent sa cause ont décidé d’exclure quelques membres de la structure notamment son adjoint. Pour eux, celui-ci se rend coupable de trahison en prenant une position à contre courant de la volonté « du plus grand nombre. »
Dans sa réaction, l’ancien ami, et peut-être le nouveau »rival » de Soumah, Oumar Tounkara, affirme que le secrétaire général n’a pas ce pouvoir de le destituer de ses fonctions. Pour lui, il a le même grade et le même électorat que son général. «Donc sa décision est sans effet », soutient-il.
Cette position des responsables du SLECG est effectivement le reflet de la réalité de plusieurs écoles dans cette première journée de la grève des enseignants. Certains élèves sont allés en classe alors que d’autres ont préféré rester à la maison.
A tort ou à raison, le système éducatif guinéen et le niveau d’apprentissage sont affectés de nos jours par ces multiples grèves des enseignants et par des manifestations politiques. En attendant, les syndicalistes s’offrent en spectacle sur des médias interposés. Un début de comédie qui porte désormais l’odeur de la guerre des intérêts.
Gassime Fofana