Union africaine : cinq défis pour une institution encore boiteuse

Le 25 mai. Les pays africains et certains non africains célèbrent ce jeudi la journée mondiale de l’Afrique. Un rappel au souvenir du congrès qui a fondé, en 1963, l’Organisation de l’Union africaine, ancêtre de l’actuelle Union africaine.  Après plus d’un demi-siècle d’existence et quinze ans après son changement de nom, l’Organisation peine encore à assumer pleinement ses objectifs de réunification et de développement du Continent. Une analyse des défis faite par  Mamady 3 Kaba, juriste et universitaire guinéen. 

 

« En termes de défis, l’Union africaine doit, tout d’abord se battre pour briser la barrière entre les Etats, c’est-à-dire que, par exemple, les Guinéens ne devront pas se sentir comme des étrangers au vrai sens du mot en Ouganda, au Congo, au Cameroun  ou ailleurs. Il est vrai que les Etats sont régis par des frontières et des nationalités. Mais, si nous sommes dans la dynamique d’une Afrique unie, il est important que les Africains ne se sentent pas sur le continent comme s’ils étaient sur un autre continent. Parce que j’ai été personnellement interpellé par certains Guinéens qui sont en Angola par rapport à la séquestration dont ils ont été victimes. Il faudrait que la mobilité des uns et des autres soit beaucoup plus aisée sur le continent. J’insiste sur ça parce qu’au moment où tout le monde s’accroche aux reformes économiques, cette question passe inaperçue. Au lieu que ce soit à l’échelle sous-régionale (Afrique de l’Ouest, Afrique centrale ou Afrique du nord, … ), l’Union africaine doit se battre pour que ces efforts d’intégration soient élargis à l’échelle continentale. L’autre défi, c’est de pousser les partenaires de l’Afrique à  considérer le continent comme leur partenaire au vrai sens du terme. Il ne faut pas qu’on soit dans la démarche qui consiste à aider l’Afrique à la place de l’Afrique. Je ne pense pas que cette démarche soit à l’avantage du continent. Il faut que tout ce qui doit être fait pour l’Afrique soit fait avec l’Afrique. Il ne faut pas décider en lieu et place de l’Afrique. Comme on le voit maintenant, les dons qui sont faits aux pays africains sont guidés : on dira par exemple, on vous fait une aide de tel montant, mais le montant doit être utilisé dans tel domaine, de telle façon. Il faudrait que les partenaires aient d’abord confiance en l’Afrique et que l’on soit dans ce partenariat d’égal à égal. C’est pourquoi aujourd’hui le partenariat avec la Chine doit être approfondi parce que la Chine est passée par toutes les épreuves que l’Afrique endure aujourd’hui. Le troisième défi, c’est le respect des droits humains. Il revient aux dirigeants africains qu’ils œuvrent beaucoup plus pour le respect de ces droits. Parce que cela est un principe fondamental de la démocratie. il faut qu’il y ait des efforts dans ce sens. Les Le quatrième défi est que l’Union africaine doit pouvoir se prendre elle-même en charge.  Il faut qu’elle ait des moyens parce que, ce que soit des idées, des bonnes intentions ou des bon programmes, si l’Union n’a pas les moyens, cela veut dire que ceux qui donnent les moyens vont lui dicter la conduite à suivre. Et tant qu’on continuera dans cette dynamique, l’organisation sera sous perfusion, sous ordre et elle ne pourra pas œuvrer comme le souhaitent les Africains. Il faudra donc que les Etats acceptent de payer pour favoriser cette autonomie.  Ajouter à cela la promotion des bonnes élections, des élections transparentes en Afrique pour que les élus soient de vrais élus. Qu’ils soient l’expression du suffrage parce qu’une autorité qui est mal élue, n’attendez pas qu’elle agisse dans le sens de l’intérêt général. C’est vrai que les Etats sont souverains et que cette intervention pourrait être considérée comme une ingérence mais l’Organisation doit développer un leadership pour inviter les chefs d’Etat, les dirigeants, à œuvrer pour l’organisation des élections libres et transparentes sur le continent. Néanmoins on doit garder espoir parce que l’Union européenne ou les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas venus à ce niveau par hasard. Il a fallu une longue lutte et c’est comme ça que l’Union africaine, avec la confiance de tous, pourra atteindre aussi la plénitude de ses actions ».  

Propos recueillis par Gassime Fofana

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