La Politique, l’Économie, le Social, l’Éducation et même l’Environnement, tous les domaines sont dans « le délire » en Guinée. La crise s’est surtout exacerbée ces derniers moments sur le front des contestations politiques où l’opposition et le pouvoir ne parviennent toujours pas à accorder leurs violons. La lutte reste ardue et les plans sur lesquels chacun semble fondé son espoir ne tient que sur une corde glissante. Des discours violents, des prises de position incongrues et même des affrontements physiques ne permettent pas encore de donner suite à l’achèvement des élections communales. L’installation des conseils de quartiers reste toujours l’épine dans les bottes des acteurs politiques.
Au niveau des différents sièges des partis, les voix se sont tellement élevées qu’elles sont devenues le symbole d’une utopie à la copie conforme d’une glissade sans arrêt. Au-delà de cet aspect, les Guinéens font face à la situation des députés qui, dans les conditions normales, ne devraient plus siéger à l’Assemblée nationale. Pas de surprise pour certains et pour d’autres c’est tout simplement le prototype de tout ce qu’on voit en termes politiques en Guinée. On dénonce, on s’oppose, mais rien de tout cela ne fait bouger les choses.
C’est dans ce contexte mi-calme mi-surchauffé que les suspicions d’un troisième mandat s’invitent dans la danse. Alors on oublie tout pour se confronter à cette autre question épineuse. Le Président de République n’a jamais dit qu’il rempilerait pour un troisième acte mais son silence alimente les doutes et pousse les opposants à battre un macadam déjà très usé, très érodé par ces sempiternelles « grabuges».
Oui, tout de suite, une frange de la population se constitue partie civile pour dire non à cette velléité présumée de s’éterniser au pouvoir. Son objectif: combattre un troisième mandat et tout ce qui peut y conduire y compris le projet de révision de la Constitution. Les rencontres se multiplient alors, la radicalisation des discours tient la route de part et d’autre, les rues grondent. Pendant ce temps, au Palais, l’on minimise la portée de la mobilisation et l’on argue que le principe de négation implique celui d’acceptation. En clair, tous les Guinéens sont égaux et en cas de désaccord entre eux sur une question aussi substantielle que la Constitution, il convient d’avoir recours aux urnes pour les départager. Ils font ainsi la promotion, à cor et à cri, à tort ou à raison, du RÉFÉRENDUM.
Dans ce brouhaha, des manifestants sont tués, d’autres blessés sinon incarcérés, certains ministres tombent, mais la pression est énorme, les activités économiques prennent un coup dur, l’environnement devient hostile à tout dialogue. Le retour autour de la table n’aura accouché que d’une souris, aussi petite et minable que l’espoir d’une sortie de crise.
Pendant ce temps, les ballets se poursuivent pour tenter de trancher le noeud gordien. Deux anciens Chefs d’État, le Béninois Nicéphore Soglo et le Nigérian Goodluck Jonathan, rencontrent les parties, les exhortent au dialogue et au calme, demandent au Président Alpha Condé de se déterminer. La visite et les discours qui en résultent encouragent à espérer. Mais pour combien de temps et pour quels résultats ? Déjà à Conakry les avis sont divergents sur la nécessité et sur la pertinence d’une telle visite. Beaucoup estiment ici que le séjour des deux hommes d’État n’aura servi qu’à passer du vernis sur de la moisissure. En résumé, le tango guinéen n’est pas près de livrer ses dernières notes et ses derniers retentissements !
Aliou Diallo