Guinée : avant le Ramadan, c’est la psychose

A quelques jours du mois saint de Ramadan, les inquiétudes se multiplient chez les Guinéens par rapport aux prix des produits de consommation de masse. Et malgré l’annonce du gouvernement, la peur leur reste toujours au ventre. 

Dans  un pays ou l’économie est ‘’déficitaire’’, la situation des marchés reste la principale préoccupation des citoyens. Et une seule question taraude désormais les esprits : comment seront  les  prix des denrées alimentaires pendant le Ramadan à venir ? « Nous ne pouvons même pas expliquer, s’inquiète  Mariame Yansané, mère de 4 enfants. Parce que la situation que certaines familles vivent aujourd’hui  est très  difficile. Nous vivons au jour le jour  et on sait également que dans ce pays, c’est pendant le mois de Ramadan que les prix augmentent comme s’il n’y a pas une autorité », regret-elle.

La situation est d’autant plus préoccupante que Mohamed Sylla explique que ces derniers temps, les conditions de vie et de travail des citoyens  guinéens se détériore, le taux de chômage augmente  avec des licenciements dans certaines entreprises  ou le faible rendement des activités agro-pastorales.  « Le mois de Ramadan, c’est dans quelques jours. Jusqu’à présent on n’a rien prévu parce qu’il y en a pas. Comment peut-on épargner, si on ne travaille pas ? », s’interroge ce père de famille de 5 enfants que nous avons  rencontré dans un bar café.

Comme explication à cette instabilité des prix sur les marchés, un commerçant pointe du doigt les conditions dans lesquelles ils écoulent leurs marchandises. « Nous, nous vendons les produits en fonction de plusieurs paramètres comme la taxe imposée par l’Etat, les frais de dédouanement et du transport. Mais il se trouve que c’est l’Etat qui ‘’taxe’’ trop les commerçants. Ajouter à cela le mauvais état des routes qui oblige les propriétaires de voitures à augmenter le frais de transport. Ce qui se répercute après sur les prix des produits alimentaires », explique Mouctar Diallo, commerçant au marché de Matoto.

Nous ne pouvons jamais sortir de cette situation, renchérit Mounir Sylla, ancien fonctionnaire pour qui c’est l’Etat qui doit, avant tout, prendre ses responsabilités. « C’est du devoir des autorités de créer des structures de marchés étatiques où la population peut accéder facilement aux produits alimentaires à un prix raisonnable. Certes, le commerçant privé est là pour épauler l’Etat, mais n’oubliez pas que c’est leur intérêt qu’ils recherchent d’abord. C’est l’essence même du  Capitalisme ». Il propose ainsi que  l’Etat mobilise des infrastructures de transport propres à lui pour faciliter l’importation ou l’exportation des produits de consommation.

Il y a quelques jours,  le Ministre du Commerce a rencontré une quarantaine d’opérateurs économiques à Conakry. Il a été question de voir comment faire face à la flambée des prix pendant le Ramadan et la période de soudure qui arrive après. Au cours de  la rencontre, Marc Yombouno a annoncé qu’il n’y aura pas de pénurie de denrées et rappelé que  l’Etat n’a pas augmenté de taxe. Les commerçants se sont engagés, pour leur part, à stabiliser ou à réduire les prix des produits durant cette période. Des mesures qui ne suffisent pas encore à rassurer les citoyens qui ont encore en mémoire les  dernières flambées de prix durant le mois de pénitence.  

   Gassime Fofana

 

 

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