Oumou Baldé est une Guinéenne qui vit en France depuis une décennie. Mue par la farouche volonté de s’émanciper et de porter la voix des citoyens, elle s’est lancée dans le cinéma. Une activité qui ne l’empêche pas non plus de réaliser son autre rêve : diriger les matches de football. Notre rédaction l’a rencontrée pour évoquer son parcours et son ambition de réunir Européens et Africains autour d’un projet commun.
Bonjour Oumou Baldé
Bonjour
Qui êtes-vous ?
Je suis actrice, scénariste et aussi sportive. Je suis la présidente de l’association Le carrefour des cultures basée sur Bruges, en France.
J’ai fait les études primaires et secondaires à Labé où j’ai commencé à faire du théâtre et de la poésie avec le club littéraire Amadou Hampathé Bâ. J’ai fait une partie du lycée à Dalaba. C’est là aussi que j’ai commencé à faire de l’arbitrage en football. Ensuite nous sommes venus à conakry. Je suis de la première promotion des étudiants de Sonfonia, Administration des affaires. Et depuis 2009, je vis en France avec mon mari et mes enfants. J’ai fait des études d’actrice et de scénariste. Et je continue à faire l’arbitrage.
Vos études et activités ont été marquées par le déplacement régulier des parents. Comment vous avez concilié ces déplacements et les études ?
J’ai été élevée par ma grand-mère à Labé. Deux ans après avoir rejoint mes parents à Dalaba, mon père a été muté à Conakry. Je ne crois pas que ces déplacements ont eu un côté négatif au niveau de mes études. Je dirais que c’est tout à fait le contraire d’ailleurs. Vous savez j’ai toujours été une femme avec plein de rêves. Je crois que si on a un objectif et des projets,avec l’appui des parents, les choses deviennent plus faciles.
Justement vous êtes une immigrée, comme tant d’autres qui ont préféré s’installer hors du pays. Comment vous êtes parvenue à vous adapter en France ?
Vous savez en matière d’immigration rien n’est jamais simple. Moi, je suis venue en France pour rejoindre mon mari. J’ai réussi mon intégration grâce au sport. Je suis arrivée dans une région où j’étais la seule femme arbitre. Dès lors toutes les personnes concernées se sont tout de suite mises à ma disposition. Chacun cherchait d’ une manière ou d’une autre à m’aider pour faciliter mon adaptation.
Vous avez observé cette vie européenne et celle au pays à l’époque. Quels enseignements en tirez-vous ?
Vous savez ces deux vies sont complètement différentes mais comme dans chaque culture, il y a du bon et du moins bon. On essaie de prendre le bon de chaque côt. C’est pour cette raison que la majeure partie de mes scénarios parlent de l’immigration.
Vous faites du cinéma. Pour vous c’est quoi exactement le cinéma ?
Le cinéma me permet de faire passer des messages tout en restant une source de divertissement. J’avais cette passion depuis mon adolescence. Aujourd’hui j’ ai la chance de pouvoir m’exprimer à travers mes films et m’affirmer en tant que femme issue de l’immigration .
Vous êtes en France depuis dix ans maintenant. Qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Le vivre ensemble, le partage. D’ailleurs c’est pour cette raison que j’ai créé mon association pour réunir des personnes autour de moi et pouvoir s’entraider .
Vous savez nous avons des valeurs que nous avons tendance à oublier parfois et qui sont fondamentales, comme cette vie en communauté. Comme en Afrique, elle est unique. Je travaille beaucoup avec la communauté française et depuis trois ans j’essaie de faire de sorte que les différentes communautés puissent travailler ensemble autour d’un projet commun.
Arrivée en France, vous vous êtes intéressée au football en tant qu’arbitre, un métier qui n’est pas donné à n’importe qui, surtout la gente féminine. Par quels moyens vous tirez votre épingle du jeu ?
Lorsque j’étais encore adolescente j’avais deux rêves : devenir une grande sportive et une grande actrice de cinéma. J’ai commencé l’arbitrage étant très jeune. Aujourd’hui, je m’épanouis vraiment dans ce métier. Mais j’avoue que ce n’est pas toujours évident. Il faut avoir un sacré caractère pour résister parmi les hommes.
Vous savez parfois ma satisfaction lors d’un match c’est de regarder tout au tour de moi dans un vestiaire et me rendre compte que je suis la seule femme. Toutes les personnes que tu croises dans ce milieu sont admiratives. Et c’est ce qui me rebooste et me donne l’envie de redoubler d’efforts et d’essayer d’aller le loin possible.
Vous avez un regard certainement sur la jeunesse guinéenne qu’elle soit de la diaspora ou au pays.
Généralement la jeunesse guinéenne est battante malgré des conditions qui ne leur sont pas toujours favorables. Il faut juste continuer dans la persévérance. Un jour ça finira par payer.
Je voudrais donc m’adresser à cette jeunesse : vous risquez vos vies pour un futur incertain ….Alors qu’on peut facilement vous accorder une solution acceptable. Contribuer au développement de la patrie est un devoir pour tous. Il s’agit de s’y mettre. En tant que jeunes, nous pouvons beaucoup faire. La jeunesse guinéenne doit rester une et indivisible.
Merci Madame Oumou Baldé !!!
Merci à vous !!!
Propos recueillis par Aliou Diallo
Big up
Ton ascension ne me surprend guerre Oumou, tu as été toujours une brave personne, tu n’as pas choisi la facilité, tu as toujours aligné courage, rigueur et courtoisie. Je me rappelle bien de ton sérieux à l’université. Bon chance