Les jeunes qui prennent d’assaut l’univers de l’activisme. L’image n’est pas rare en Guinée marquée ces derniers temps par des manifestations sociales aux relents de revendications. Au moment où la lutte se diversifie, nous avons tenté de comprendre les motivations de ceux qui s’engagent en faveur des citoyens du pays ainsi que le rôle des jeunes dans ces mouvement avec Chérif Diallo, titulaire d’un Bac+4 en Droit des Relations internationales et Droit public fondamental. Depuis 2011, il a décidé de s’engager en tant que bénévole et activiste au compte des organisations de la Société civile nationale et internationale. Il est l’actuel Président du Club Humanitaire sans Frontières Guinée CHF-Guinée et de la Nouvelle Génération de la Cinématographie Guinéenne (NOGECIG).
Bonjour Monsieur Chérif
Bonjour
Vous évoluez dans les domaines du bénévolat et de l’activisme, quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’activisme en Guinée ?
Un regard d’espoir. Un espoir promoteur dans la mesure où la société civile guinéenne s’est considérablement rajeunie avec une nouvelle génération dynamique et engagée même si parmi cette génération il y en a qui « exagèrent » parfois. Mais je peux mentionner que cette exagération a parfois porté fruit pour la garantie des droits et libertés fondamentaux des citoyens guinéens. Et par ailleurs ces actions de la même société civile enregistrent des dérives soit parce qu’elles ont été engagées sous l’effet de l’émotion ou par précipitation… Mais comme j’aime souvent le dire la société civile doit regrouper la crème de la société et par conséquent les personnes qui la meublent doivent être sereines dans leurs actions et exemplaires.
Alors dites-nous, qu’est-ce qui vous a motivé personnellement à être dans ce domaine ?
C’est avant tout ma conviction. Ensuite ma volonté de vivre dans une société où l’arbitraire n’a pas sa place à travers mon implication citoyenne, ma volonté de défendre les sans-voix, mon désir d’apporter mon grain de sel pour l’épanouissement de la future génération. Bref c’est mon amour envers mon pays, envers ma nation.
Vous êtes aujourd’hui jeune, quelle est la place de la jeunesse dans le développement socioéconomique de la Guinée ?
La jeunesse occupe une place incontournable dans le développement socioéconomique de tout pays et particulièrement la Guinée où la population est majoritairement jeune. Si nous entendons le développement d’un pays, ce sont ses ressources humaines, et la pierre angulaire de ces dernières, c’est la couche juvénile, car c’est elle qui est valide, c’est elle qui est capable de porter des gros projets sans s’épuiser, sans relâche, sans fatigue, mais tout ça dans le respect total de nos aînés car ceux-ci doivent être nos sources pour puiser des conseils, des orientations… Si on entend la réussite d’une jeunesse c’est sa sagesse. C’est à travers la sagesse que nous pourrons mieux mener notre vie et conduire avec loyauté notre future nation. La jeunesse constitue le présent et l’avenir du pays…
Quelle est alors, selon vous, la garantie pour que les jeunes puissent jouer pleinement leurs rôles dans notre société ?
Le développement d’un pays ne saurait être effectif si les droits les plus élémentaires des citoyens ne sont pas respectés, si nous perdons nos bras valides dans la Méditerranée, si l’avenir de nos jeunes sœurs, futures mamans est mis en cause à travers des pratiques inconcevables, si la cohésion sociale n’est pas effective… Je vous rassure que quand tous ces problèmes seront résolus, le développement de notre pays sera sans nul doute une réalité et non plus un rêve… Le développement de tout État repose sur les ressources humaines et non des ressources naturelles… En résumé si la majeure partie des problèmes humanitaires sont résolus c’est le développement du pays qui est assuré.
Quel message avez-vous à l’endroit de tous ces jeunes guinéens qui évoluent dans l’activisme ?
Les messages phares que je pourrai adresser à mes amis, frères de lutte dans l’activisme, c’est d’incarner l’esprit de sérénité et de sincérité, d’honnêteté, d’amour, de confiance, de conviction et de se débarrasser de tous les mauvais « Ismes » (Ethnocentrisme, régionalismes…). La jeunesse doit enraciner ses idéaux autour de la paix, de la cohésion sociale afin de sortir notre pays de l’ornière pour une émergence réelle car les guinéens en ont vraiment soif de vivre dans un environnement favorable. Et cela ne sera possible que si la jeunesse accepte de travailler et d’adopter un esprit de changement positif…
Merci M. Diallo
C’est à moi de vous remercier !!!
Entretien réalisé par Aliou Diallo