Lundi, 15 mai, la Haute cour de justice du Burkina Faso, qui facilite le jugement d’une trentaine de ministres de l’ancien gouvernement, à reporté le procès ; cela suite à une saisine du conseil constitutionnel par la défense. Ces anciens responsables répondent de leur participation présumée dans la répression des manifestations populaires d’octobre 2014.
« Pour une bonne administration de la justice, il y a lieu de surseoir à statuer jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel, faisant par ailleurs droit aux conclusions formulées (par la défense)», a déclaré lundi, le président de la Haute cour de justice, Mathieu Bebrigda Ouédraogo. Me Odilon Abdoul Gouba, avocat commis d’office, a expliqué dans la foulée qu’ils avaient apporté la preuve de cette saisine du conseil constitutionnel devant la cour de justice qui a en tiré les conséquences et décidé de surseoir à statuer. C’est donc une victoire pour les avocats de la défense mais une décision dénoncée par les victimes du soulèvement populaire qui avait conduit au départ de l’ex président burkinabé. Ces victimes menacent d’ailleurs de descendre dans les rues si le procès ne se poursuit pas. Un message clair en direction du président de la Haute cour de justice du Burkina. Des banderoles sont conçues ainsi que des pancartes sur lesquelles flottent les effigies de personnes tuées lors des manifestations.
En rappel, la trentaine d’hommes politiques du gouvernement de Luc Adolphe est poursuivie depuis le mois dernier pour plusieurs faits : homicides et blessures volontaires, participation au conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014 pendant lequel il a été question de faire appel à l’armée afin de « châtier » les manifestants contre la modification de la constitution.
Après 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré devait comparaître en tant que ministre de la défense. Cependant, il n’est toujours pas dans le box des présumés à cause de son exil en Côte d’ivoire.
Mis en place pendant le règne de Blaise en 1995, la Haute cour de justice est la principale institution juridique mieux placée pour juger le chef de l’Etat et des ministres pour des actes commis pendant leurs fonctions.
Avec Jeune Afrique