Il est jeune. Il rêve grand pour son pays. Nous avons rencontré Mohamed Diallo, étudiant guinéen à Dakar. Il veut fédérer les efforts de ses compatriotes autour du développement de la Guinée. Mais n’hésite pas à dénoncer les entraves. Il s’est livré à notre reporter. À livre ouvert !
Bonsoir Mohamed Diallo
Bonsoir !
Parlez- nous, un peu de votre parcours
Je suis Diallo Mohamed, diplômé en Licence en Administration publique au Centre universitaire de Labé depuis 2014. Après plusieurs mois de contrat avec des ONG, des entreprises et de stages au pays, j’ai décidé, en octobre 2017, de venir au Sénégal pour poursuivre ma formation en Master Gestion des entreprises et Administrations. Ici j’ai eu à faire un stage à PCCI Dakar et à la SONATEL. Et en Août j’ai été recruté comme superviseur par Tumbuctu Institute pour une étude menée en Guinée.
Alors vous êtes l’un des jeunes guinéens qui vit à Dakar, vous êtes même candidat à la présidence de l’Amicale des étudiants de Guinée à Dakar. Dites-nous qu’est-ce qui vous a poussé vers cette aventure ?
Vous savez ma première année a été une année d’observation. J’ai eu à constater d’abord que chaque année il y a une vague d’étudiants qui quitte la Guinée pour venir se former ici à Dakar. Si je peux me permettre, on peut dire que le Sénégal est la cinquième région naturelle de la Guinée. Ensuite, j’ai été motivé par l’envie de guider cette classe intellectuelle afin qu’elle puisse être serviable à notre cher pays.
En somme, Je veux mettre en oeuvre un programme ambitieux qui profitera aux élèves, étudiants, et stagiaires guinéens du Sénégal.
Justement, à quoi on peut s’attendre de votre part pour bien diriger cette amicale ?
Pour répondre à cette question, je vais un peu faire une rétrospective sur l’existence de cette institution qui a vu le jour depuis 1960, et qui est d’ailleurs la seule amicale agréé ici au Sénégal. Mais fort malheureusement elle n’a jusqu’à présent pas de siège social.
Donc en termes de moyens, les ressources sont très limitées. Malgré les efforts fournis par les différentes équipes qui se sont succédé à la tête de cette institution, il reste un grand nombre de défis à relever.
Dans notre plan général d’activités, on prévoit des réformes profondes et une nouvelle approche managériale pour changer la donne. Et on estime qu’on y arrivera une fois à la tête de cette institution.
Quelles sont les difficultés auxquelles les étudiants guinéens sont confrontés ?
À l’instar des autres étudiants, les étudiants guinéens rencontrent beaucoup de difficultés comme le problème de logement (la cherté du loyer), des problèmes d’insertion sociale. Et surtout des problèmes de coûts de formation. Très malheureusement l’ambassade guinéenne ici ne s’implique pas suffisamment pour épauler les jeunes étudiants dans leur démarche. Ainsi, l’amicale cherche bon an mal an à répondre aux attentes majeures des élèves, étudiants, et stagiaires guinéens vivant au Sénégal.
Quels sont vos rapports avec les étudiants sénégalais? Les avantages dont vous bénéficiez ?
Il faut reconnaître que le Sénégal dans sa politique de promotion de l’éducation offre plusieurs facilités aux étudiants étrangers. Comme par exemple l’accès aux bourses. On peut bénéficier de cette bourse même si l’on n’est pas Sénégalais. Nous avons aussi les concours d’excellence. Il faut également reconnaître que depuis l’arrivée du président Macky Sall, la Guinée bénéficie d’un traitement de faveur par rapport à plusieurs autres pays. Une chose à saluer, on le remercie et on l’invite à continuer sur cette lancée.
Est-ce qu’après la formation vous resterez au Sénégal ou vous rentrerez au pays?
Personnellement je rentrerai dès après la formation pour partager le peu que j’ai appris ici avec mes compatriotes guinéens. Je pense que je serai plus serviable à mon pays que de rester ici. Tout de même il faut signaler un fait très important, le manque d’une réelle politique de promotion de l’emploi dans notre pays, l’instabilité politique persistante, le développement du népotisme, du clientélisme dans le milieu de l’emploi découragent beaucoup de talents à rentrer après la formation et ils finissent par servir ici. Très malheureusement on assiste à une véritable fuite de cerveau, de compétences. C’est une perte pour notre pays car aujourd’hui à tous les niveaux, des compétences guinéennes servent brillamment ici au Sénégal. Et j’invite tous les jeunes à s’impliquer, de ne pas courir derrière l’emploi mais de chercher à créer leur propre chemin, de croire en leur talent, d’oser prendre des risques. Et surtout de mettre la Guinée avant tout d’abord.
D’ailleurs, quelle est votre analyse par rapport à la situation de la jeunesse guinéenne?
Je pense qu’en l’état actuel des choses, la jeunesse guinéenne doit accepter de se former pour être compétente et compétitive. Elle doit surtout prendre son destin en main car, abandonnée à son triste sort, elle subit la manipulation des hommes politiques véreux. La jeunesse doit essayer de renverser la pyramide au risque d’être une génération sacrifiée. La jeunesse doit s’impliquer et se soutenir dans tout (politique, économie, culture, social, technologie, science,…). À mon avis, c’est dans l’action que la jeunesse pourra relever le défi du développement.
J’invite donc tout les jeunes guinéens à rentrer servir leur Nation car elle a ardemment besoin de nos compétences, allons nous impliquer à tous les niveaux de vie de notre Nation, pensons différemment et agissons car c’est dans l’action que l’on se met en valeur.
Propos recueillis par Aliou Diallo
Merci Mamadou bonnes continuations
Mes respects mon frère! Tu es sincère
Vos propos portent symboliquement l’image du leadership et du syndicalisme. Un pays a besoin de sa jeunesse pour se développer. Et dans ce processus, le rôle joué par ces deux incarnations précitées n’est plus à prouver. Cependant, tout ce ceci doit être adossé à une politique de bonne gouvernance efficace et durable. Pour le peu de temps que j’ai eu à te côtoyer, je me fais l’honneur de témoigner que t’es une personne imbue d’un dévouement titanesque et d’un engagement inouï. Bonne continuation et Vive la Guinée