Guinée : «la gestion actuelle du carburant n’a rien d’économique encore moins de financier», flingue un économiste

La situation sociale en Guinée demeure figée par cette augmentation des frais du carburant à la pompe. Pourtant, certains spécialistes en Finances publiques estiment que les autorités guinéennes pourraient toucher d’autres secteurs pour booster l’économie du pays sans faire cette hausse qui « est nuisible à l’économie».

Même 10.000 Gnf sont insuffisants. En tout cas, c’est qu’a martelé le nouveau premier ministre guinéen, Kassory Fofana. Par contre, des économistes notamment ceux des Finances publiques soutiennent le contraire. Pour eux, cette augmentation ne devrait pas avoir lieu car il y a d’énormes possibilités et endroits où il faut tirer. «Ma position est différente totalement de celle de Kassory par rapport à l’augmentation du prix du carburant. Le cas guinéen, il faut être très relatif pour la simple raison que la manière dont nos finances publiques sont gérées est totalement différente de la manière dont les autres pays gèrent leurs finances publiques. En 2016, il y a eu un accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux lié à la fixation du prix du carburant même si sur le marché international, il y a fluctuation, la Guinée n’allait pas changer la situation du prix pour la simple raison que le prix le plus élevé de la sous-région était en Guinée. Mais par après le prix a commencé à grimper sur le marche mondial, le gouvernement a maintenant décidé de réajuster le prix», dénonce Dr Alhassane Makanera Kaké , docteur en Finances publiques. 
Les raisons techniques qui montrent qu’il ne fallait pas augmenter le prix
Techniquement, justifie Dr Alhassane Makanéra Kaké, le FMI avait fait une recommandation pour ajuster le prix. Et le prix proposé par le FMI est 950. «Ce qui veut dire que le carburant aurait été vendu à la pompe à 8950 ce qui correspondait à l’époque à la vérité des prix. On aurait dû ajouter les 950. Mais dans la pratique,ce que le FMI propose, c’est pour compenser le déficit, mais pour compenser le déficit, il y a plusieurs solutions. Car même le FMI dit l’augmentation du carburant c’est-à-dire la taxation doit être la dernière solution. C’est que quand on sait qu’on a aucune possibilité, c’est en ce moment qu’on pense à cette taxe car elle est nuisible à l’économie».  Pour lui, il y a donc une infinité de solutions qu’on aurait pu utiliser pour ne pas faire cette hausse. Par exemple,  réduire le train de vie de l’État. «Il y a plus de 4×4 dans l’administration en Guinée que dans tous les pays de la sous-région. Un train de vie très élevé. Il faut également ajouter les carburants, les frais de missions injustifiées, les ensembles non ventilés, mais aussi les services publics industriels et commerce qui font rentrer de l’argent , des régies financières qui ne sont pas versées au compte du trésor», explique-t-il.
Un budget vidé par mauvaise gestion financière
Pour cet économiste, quand on ouvre le budget de la Guinée, on ne verra pas l’apport de ces sociétés. Et pourtant, il évoque environ 140 sociétés qui sont connues, mais qui verseraient rien au compte de l’État. « C’est pourquoi, j’ai fait un article pour la répartition du budget de faire en sorte que chacun puisse gagner un peu pour vivre. Ce qui signifie qu’il faut suffisamment d’argent qui rentre et que la répartition soit équitable. Donc dans ces cas de figure, le gouvernement aurait récupéré ailleurs tels que la taxation des sociétés minières, les revenus versés par les établissements publics et directement les privilèges de l’administration. On aurait dû prendre dans ces lieux pour éviter de taxer le carburant qui a des répercussions très nuisibles sur l’économie et sur la vie sociale.
Conséquences de cette augmentation du carburant
Sur le long terme, avertit Dr Kaké, on va voir une cascade de prix qui va faire entre 30 à 40% de plus et finalement «vous allez constater qu’il y a moins de déplacement à Conakry et à long terme, les prix vont flamber. Conséquences, le recettes attendues ne seront pas au rendez-vous, l’économie est bloquée et le PM, toutes les promesses comme faire la croissance à deux chiffres , a brûlé tout ça avec cette hausse du carburant et plus du volet, il est dans le négatif. Là , je vous le dis aujourd’hui, toutes les mesures en place, l’augmentation du prix du carburant là efface tout.»
Selon lui,  l’état actuel du baril sur le marché mondial mercredi, a baissé en dessous des 70 dollars. «Donc s’il tenait compte de la flexibilité vous aurez calculé cette différence aussi, soustrait des 10.000. C’est pourquoi les arguments ne tiennent pas. Moi, j’aurai souhaité qu’ils tiennent au moins une argumentation cohérente pour dire nous sommes pour la flexibilité ç’a augmenté de 20%, on fait du 20%, mais si ça diminue de 10%, donc nous allons aussi diminuer sur le marché de 10%, mais le gouvernement ne joue pas ainsi».
Pour ceux qui estiment qu’un rétropedalage du gouvernement l’affaiblirait, Dr Makanera ne croit pas .
«J’ai entendu dire que si le gouvernement renonce, est-ce qu’il n’est pas affaibli ? Mais une question nationale est une question nationale, le coeur n’a pas sa place. Si la mesure est nuisible à l’économie, il faut que le gouvernement accepte de renoncer car la Guinée n’est pas la propriété de quelqu’un. Un dirigeant doit respecter le peuple et il doit être faible devant le peuple. Parce que c’est la volonté du peuple qu’il a l’obligation d’exécuter. Mais quand on pense que les gens vont dire que Kassory est faible, mais la Guinée n’appartient pas à Kassory. Il est dans l’obligation de servir le peuple. Je ne vois pas de raison qui le pousse à se figer sur sa position. Ce qui est sûr, c’est que la gestion actuelle du carburant n’a rien d’économique encore moins de financier. Seulement, c’est un problème de coeur et de personnes. Ce qui est regrettable pour le pays»

                                                         Gassime Fofana

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