Les sites miniers en Guinée sont devenus l’épicentre de fréquentes tensions sociales. Une situation qui s’explique par plusieurs facteurs et contre laquelle il existe pourtant de nombreuses pistes de solutions.
La crise minière qui secoue Boké n’est pas un cas isolé, rappelle Docteur Bano Barry, Sociologue. Pour lui, toutes les zones minières du pays sont des zones de conflits. Que ce soit à Siguiri, ou en Guinée forestière, dit-il, les manifestations populaires violentes pour des revendications d’accès aux services sociaux de base notamment l’électricité, l’alimentation sont devenues récurrentes dans le pays. Un phénomène qu’il explique parle fait que les zones minières présentent une double réalité : un îlot de prospérité dans un environnement de pauvreté généralisée et la population attend des entreprises minières qu’elles se substituent à l’Etat. « Elle veut un emploi même sans la qualification professionnelle, elle veut de l’eau et de l’électricité alors que le contrat de la société est de fournir l’électricité et l’eau à ceux qui travaillent pour elle. Donc cette population attend de ces sociétés qu’elles fassent le travail qui est celui de l’Etat », relève Docteur Bano Barry.
Pour palier cette situation, le sociologue explique qu’il existe un mécanisme qui permet de s’assumer ou d’apaiser les tensions dans les zones minières. « L’Etat, dans ses dispositions juridiques, dit que lorsqu’une société minière s’implante quelque part, il faut une forme de partenariat entre cette entreprise et les communautés locales à partir d’un certain nombre de mécanismes comme le paiement de la taxe superficielle ou le fonds d’indemnisation. » Mais regrette que l’application de ces dispositions fasse aujourd’hui défaut. Et c’est ce qui, selon lui, fait que le taux de violences dans les zones minières reste encore très élevé dans le pays.
Gassime Fofana