600 milliards de francs guinéens, c’est le montant que la Guinée perd par an à cause des pots-de-vin. En tout cas, c’est ce qu’a indiqué un rapport de 2017 de l’Agence nationale de lutte contre la corruption, relayé par le nouveau premier ministre, Kassory Fofana. Une réalité que certains économistes imputent à l’impunité et à la mauvaise politique administrative. «La corruption est un crime économique mais aussi politique et social. Elle est devenue le socle sur lequel on gouverne le pays. C’est pourquoi toutes nos politiques de développement sont compromises. Parce que la corruption met en péril les compétences culturelles, sociales d’un pays et réduit la performance économique et les investissements», souligne Mamadi Tounkara.
Pour ce jeune économiste, la lutte contre la corruption passe nécessairement par l’application des lois contre les crimes économiques. « Nous sommes dans un pays où l’impunité a pris trop de proportions. Ce qui fait que détourner, échanger un service public contre de l’argent et les gaspillages financiers sont devenus une culture et les coupables de ces actes ne sont pas sanctionnés mais plutôt encouragés. Parce qu’une personne soupçonnée de corruption ou de détournements dans un secteur, vous le prenez là-bas et le nommez dans un autre secteur, c’est une manière d’encourager. Et pourtant, dans les pays biens organisés, une personne qui est simplement soupçonnée de corruption ou de détournement, ne sera jamais nommée ou élue tant que son innocence n’est pas actée par les juridictions compétentes», regrette-t-il.
Pour finir, M.Tounkara estime que les autorités doivent faire en sorte que des lois pour réprimer la corruption soient renforcées et soient appliquées à la lettre à qui que ce soit « parce que nul ne doit échapper à la loi. Pour cela, il faut la séparation et l’indépendance des pouvoirs afin que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir en cas de crimes économiques ou politiques».
Gassime Fofana