Un présumé trafiquant faunique a été mis aux arrêts le jeudi 07 juin 2018 à Foulamadina, en haute banlieue de Conakry. Blaise Camara est pris en flagrant délit de capture, détention et circulation d’un bébé chimpanzé, espèce animale intégralement protégée par le code guinéen de faune mais aussi par la Convention de Washington. L’opération a été conduite par les agents du Corps des Conservateurs de la Nature grâce au soutien de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique.
Selon nos informations, le bébé chimpanzé proviendrait de Boké, une région minière par excellence en cours d’exploitation intense. Selon des spécialistes, la région de Boké regorgeait autrefois au moins 40% de la population des chimpanzés. Ainsi, après la capture de l’animal à Boké, le bébé chimpanzé a été confié à Conakry à madame Palema Konomou, comptable de profession par un certain Sékouba Oularé qui serait son chauffeur. Les mêmes sources indiquent que c’est lors d’une visite de Blaise Camara, frère de la dite femme, que ce dernier a pris désormais la possession du chimpanzé.
Conduit dans les locaux de la Direction Nationale des Eaux et Forêts pour être entendu sur procès, Monsieur Blaise Camara a reconnu toutes les charges portées contre sa personne, notamment les délits de capture, détention et circulation d’un bébé chimpanzé, espèce animale intégralement protégée. Après avoir été déféré devant le parquet du tribunal de première instance(TPI) de Dixinn, il sera par la suite placé sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry. S’exprimant devant les autorités, dame Honomou a tout d’abord reconnu le fait d’avoir détenu l’espèce animale durant un temps donné mais elle a nié en bloc toute son implication dans la capture et la circulation de l’animal. Le bébé chimpanzé quant à lui, a été confié au projet GALF pour être conduit au sanctuaire de CCC (centre de conservation des chimpanzés) à Faranah.
Par ailleurs, il faut noter qu’en Guinée, le chimpanzé fait partie des espèces animales menacées de disparition et classé dans l’annexe 1 de la CITES (convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de la flore sauvage menacées d’extinction) comme étant une espèce animale intégralement protégée. Malgré les campagnes de sensibilisations organisées par les ONG et le département de l’Environnement en matière de protection des grands singes, le trafic de chimpanzés continue de la plus belle manière. Et cela grâce au Réseau de trafiquants bien organisés à l’échelle international.
Pour information, cette saisie de bébé chimpanzé vient compléter la liste à 20 chimpanzés saisis des mains des trafiquants nationaux et internationaux par le projet GALF depuis son lancement en 2012 grâce à la franche collaboration des autorités guinéennes.
Pour mémoire, la Guinée a été sanctionnée par la CITES en mars 2013 et présentée comme une plaque tournante de la criminalité faunique en Afrique de l’ouest. Selon des statistiques de l’Interpol, la Guinée a exporté plus de 130 chimpanzés, 10 bonobos, des lamantins et des gorilles entre 2009 et 2012 en Asie et le reste du monde. Un tel trafic illégal a entrainé des conséquences néfastes sur l’image du pays à l’international.
A rappeler que le commerce illégal d’espèces sauvages est un crime organisé transnational. Il occupe le 4ème rang du commerce illicite dans le monde, amassant des bénéfices d’environ 20 milliards de dollars chaque année.
Affaire à suivre…
Fatou Kourouma