Généralement, en Guinée, beaucoup pensent que la nomination d’un premier ministre est sans enjeu dans la mesure où il serait foncièrement soumis au Chef de l’Etat devant lequel il n’aurait pas les coudées franches et ne saurait imposer son point de vue. Certains acteurs politiques accusent le système.
Malgré son statut de chef de gouvernement et sa vertu constitutionnelle, la fonction de premier ministre est pour certains guinéens sans enjeux et pour d’autres juste un titre pour parer les institutions de la République. Mais en terme d’autorité, il ne dispose pas suffisamment de marge de manoeuvre pour nommer les hommes de son choix à des postes de responsabilité, même si ceux-ci en ont les capacités. Le Premier ministre évolue et travaille ainsi en fonction des principes et de la seule volonté du Chef de l’Etat. Ce qui pousse beaucoup à dire qu’un premier ministre ne saurait atteindre sa mission dans de telles conditions. «Tout dépend du système. Parce que chez nous le P.M est obligé de se soumettre au désir du président, explique Jean Marc Teliano, président du RDIG. Sinon, poursuit l’opposant guinéen, s’il a les mains libres, atteindre ses objectifs ou améliorer les conditions de vie des citoyens serait comme de l’eau à boire. Mais, malheureusement, le régime est présidentiel en Guinée».
Pour lui, pour qu’un premier ministre puisse jouer pleinement ses fonctions de chef du gouvernement, il faut procéder à leurs élections au lieu des nominations. « Pour qu’un premier ministre puisse avoir les mains libres, il faudrait comme dans les autres pays qu’il soit élu. Quand un premier ministre et même les autres ministres sont élus, vous allez voir ce que ça peut donner. Mais tel n’est pas le cas chez nous parce que même les juges qui sont à la solde du pouvoir, c’est parce qu’ils sont nommés par un décret. Mais s’ils sont élus, il y aura une nette indépendance », conclut-il.
Gassime Fofana