Guinée : « si Alpha Condé veut se représenter, il doit accepter d’abord … »

C’est suite à un entretien avec The Economist, hebdomadaire britannique que le président guinéen, Alpha Condé a recemment affirmé qu’il ne faudrait pas limiter le mandat des présidents en Afrique. Un discours que certains acteurs déplorent et exhortent à contextualiser la problématique.

 

Le président guinéen n’a pas ouvertement affirmé sa volonté de briguer un troisième mandat, mais la mise en place de certains projets à long terme et les attitudes hostiles d’Alpha Condé sur la question de limitation de mandats présidentiels laissent les citoyens dubitatifs. « La limitation de mandats d’un président empêche le pouvoir de réaliser des projets de développement et ambitieux« , déclare-t-il notamment.

Interrogés sur ces déclarations, certains analystes de la vie socio-économique et politique de la Guinée, comme Dr Makanéra Alhassane Kaké, pense qu’il faut situer la chose. « Il faut contextualiser, commence l’économiste. Vous savez, poursuit-il, dans les démocraties avancées comme aux Etats unis, le mandat est strictement limité parce qu’il n’y a pas un homme-dieu. Donc on met l’administration ou des institutions au-dessus de tout.  Ceux-ci ont trouvé nécessaire de limiter le mandat parce que quand un homme sédentarise, il ne fait plus rien de bon. On accuse même les fonctionnaires qui ne changent de pas postes de ne plus être efficaces. Enfin, en Afrique, du fait qu’on a jamais les élections, les résultats des élections, on a jugé utile de limiter les mandats. Ce qu’il faut maintenant, c’est de savoir contextualiser. Si les présidents africains, par exemple Alpha Condé, acceptait  que l’ONU vienne organiser les élections ici, il y a pas de problèmes,  nous, nous acceptons aussi qu’il se représente, mais en ce sens que son administration aussi ne participe pas à son organisation. Vous avez vu par exemple les élections communales qu’ils ont organisées jusqu’à maintenant on n’a pas les résultats parce qu’un président africain, c’est Oumar Bongo qui l’a dit, ne peut pas organiser les élections et les perdre », explique l’analyste. 

Pour Dr Kaké, la seule façon de rimer avec la démocratie, c’est donc de limiter les mandats. « Quand il y aura maintenant une structure politique avancée où  un homme ne peut pas monopoliser l’Etat,  on peut penser au mandat illimité. Mais en Afrique, et malheureusement pour lui il est africain, il est président en Afrique encore, il faut que le mandat soit limité« , conclut-il. 

Gassime Fofana

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