Le Président guinéen, Alpha Condé, s’est illustré ces derniers temps par des discours engagés contre certaines tares qui entravent le développement de la Guinée et gangrènent l’administration publique. Mais ce qui aura retenu les attentions reste cette contradiction dont le président a fait montre en parlant de détournements de fonds destinés aux chantiers nationaux.
Alors qu’au cours de sa dernière rencontre avec la société civile, le président guinéen a mis au défi quiconque de sortir des preuves qui expliquent que les cadres guinéens volent ou détournent, Alpha Condé semble bien se rétracter. En effet, cette semaine, le Chef de l’Etat a affirmé que des cadres guinéens, ministres ou directeurs, « volent tous l’argent de l’État pour l’utiliser à des fins personnelles ».
Interrogés sur ce qui pourrait ressembler à un rétropédalage, plusieurs citoyens estiment que la Guinée manque aujourd’hui de gouvernance adéquate dans les affaires et de responsabilité dans la communication publique. « En dépit de toute connotation ethnique, il faut oser dire que nous ne sommes pas gouvernés comme il le faut. Parce que la gouvernance commence par la responsabilité en termes de communication envers le peuple qui vous a choisi. Mais si nous suivons bien notre président, dans la plupart de ses déclarations, il se contre dit. Donc moi personnellement, ça ne m’étonne pas. Mais du fait que c’est un homme qui représente tout un peuple, c’est là qu’il y a le mal. Cela peut même décrédibiliser le peuple », martèle Ansoumane Condé.
Pour le sociologue, la Guinée dispose d’un gouvernement, mais pas encore d’une gouvernance. « Dans un pays où le premier garant de la Constitution n’hésite pas à tenir des propos contradictoires, c’est compliqué. Sinon dans un Etat normal, un cadre analyse plusieurs fois ses déclarations avant de les rendre publics. Parce que quand quelqu’un tient un discours et son contraire après, cela pourrait le décrédibiliser et affecter même sa fonction », conclut-il.
Gassime Fofana